« Ils ignorent les secrets de Dieu »


Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Il a tout créé pour l’être ; les créatures du monde sont salutaires, en elles il n’est aucun poison de mort, et l’Hadès ne règne pas sur la terre ; car la justice est immortelle. Mais les impies appellent la mort du geste et de la voix ; la tenant pour amie, pour elle ils se consument, avec elle ils font un pacte, dignes qu’ils sont de lui appartenir. Car ils disent entre eux, dans leurs faux calculs :
« Courte et triste est notre vie ; il n’y a pas de remède lors de la fin de l’homme et on ne connaît personne qui soit revenu de l’Hadès. Nous sommes nés du hasard, après quoi nous serons comme si nous n’avions pas existé. C’est une fumée que le souffle de nos narines, et la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre coeur ; qu’elle s’éteigne, le corps s’en ira en cendre et l’esprit se dispersera comme l’air inconsistant. Avec le temps, notre nom tombera dans l’oubli, nul ne se souviendra de nos oeuvres ; notre vie passera comme les traces d’un nuage, elle se dissipera comme un brouillard que chassent les rayons du soleil et qu’abat sa chaleur. Oui, nos jours sont le passage d’une ombre, notre fin est sans retour, le sceau est apposé et nul ne revient.
Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l’ardeur de la jeunesse. Enivrons-nous de vins de prix et de parfums, ne laissons point passer la fleur du printemps, couronnons-nous de boutons de roses, avant qu’ils ne se fanent, qu’aucune prairie ne soit exclue de notre orgie, laissons partout des signes de notre