Que de significations sous le terme « méditation » : de la prière mentale dans la tradition chrétienne aux méthodes d'intériorisation issues des voies de l'Orient, des réflexions littéraires ou philosophiques aux techniques de psychothérapie, des arts qualifiés de méditatifs (telles certaines musiques et danses) à des pratiques plus ou moins obscures sur le marché du religieux, on n'en finit pas d'en décliner les sens. Revenons à son étymologie et distinguons-en les différentes significations pour prendre conscience de sa richesse polysémique.

Une manière d'être au monde

Dans la Bible, la racine haga signifie « murmurer à mi-voix ». La composante auditive et corporelle – le siège ou l'organe de méditer est avant tout la gorge, le larynx – se double d'une composante mentale. « Heureux… qui murmure [médite] la loi du Seigneur jour et nuit » (Ps 1) ou « Ce livre de la Loi ne s'écartera pas de ta bouche ; tu le murmureras jour et nuit afin de veiller à agir selon tout ce qui s'y trouve écrit, car alors tu rendras tes voies prospères, alors tu réussiras » (Jos 1,8) mettent bien en exergue que la manducation de la parole comporte à la fois une buccalisation, une mémorisation et une action quotidienne pour entrer en communion avec Dieu. Unissant le mental et le corporel, la méditation est donc avant tout spirituelle et engage à un comportement éthique. Avec le grec et le latin, le sens du terme s'élargit. Le grec meletan signifie en effet « prendre soin de », « veiller à », « prendre à cœur » alors que le latin meditari met également en avant, outre ce premier sens, l'idée de « s'exercer », « s'habituer ». Ainsi, lorsque Marie « conserve dans son cœur » les paroles et les événements, elle prend soin du Mystère en s'exerçant à en saisir la plénitude par tout son être. Elle