Il fait beau, l'air est doux. L'aquarelliste est au jardin. Tôt ce matin, déjà, quelque chose dans l'air invitait à la pause. Une tiédeur. Une vibration de la lumière. Un alentissement infime. Mais les matins, nous le savons, chargés comme un canon jusqu'à la gueule, sont tout pleins de tâches à accomplir, de courses et de ménage, de coups de téléphone à passer, de travail à rendre et de courriers en retard. Guère de temps pour les roses ou les mésanges.
Quand même : quelque chose comme un rendez-vous envisagé. Et puis, plus tard dans la journée, cette envie qui revient tout doucement vous tirer par la manche, manière d'attirer l'attention sans vouloir déranger, et voilà : la maison est en ordre, le frigo rempli et ce qui n'a pas été fait attendra. Les tilleuls embaument, le ciel est transparent comme un poème de Maurice Carême, « le vent fait des nœuds d'hirondelles1 » : l'aquarelliste est au jardin.
Il y a, plus forte que tout, cette impression persistante que l'initiative ne vient