Connu pour ses travaux sur les catholiques face au Concile Vatican I, l’auteur, universitaire et conférencier, propose un panorama fouillé et suggestif de la situation spirituelle et sociale du christianisme. Celui-ci est-il en voie de disparition ou en pleine renaissance ? À travers les mutations des Églises catholique, protestante et orthodoxe, une ligne de fond se manifeste, à savoir le retour à l’intériorité, source d’un engagement nouveau dans le monde. Une intériorité qui s’origine en deçà des sédimentations pesantes de l’histoire. Et si le christianisme ne faisait que commencer ? D’où ce vaste panorama de ce qui bouge derrière le « système ecclésial institué », au sein d’un printemps spirituel, dans la lignée du monachisme intérieur dont la source est l’Écriture. Retour à l’origine, à la mémoire hébraïque.
Tableau parfois excessif dans ses outrances mais stimulant : beaucoup s’y reconnaîtront. Il reste que le christianisme, religion de l’Incarnation, a besoin d’un Corps, de sacrements, de ministères institués, qui eux aussi trouvent leur fondement dans l’Écriture, et que cette dimension sacramentelle d’une Église « semper reformanda » est le point aveugle de l’ouvrage. L’auteur reste à distance par rapport aux Églises instituées, et notamment de l’Église catholique. Mais la qualité du livre a incité les éditions Fidélité à publier l’ouvrage « sans nécessairement souscrire à toutes les opinions de l’auteur », invitant à le lire avec intelligence. Remarque pertinente : les vitraux d’une cathédrale, en effet, vus du dehors, demeurent sombres et poussiéreux aux yeux de qui en fait seulement le tour. Ils ne révèlent leur sens et leur beauté qu’à celui qui entre à l’intérieur pour s’associer à l’assemblée, qui, dans sa joyeuse ferveur, fait monter sa louange vers son Seigneur.

Claude Flipo