Labor et Fides, « Pratiques », 2024, 240 p., 22 €.

Voilà une question originale et quelque peu impertinente qu'aborde un groupe de théologiens et d'exégètes, tous protestants. Prière chrétienne par excellence, commune à toutes les confessions, elle ne cesse d'être murmurée, récitée, proclamée depuis des siècles, soit des milliards de fois adressée au Père. Mais précisément, cette figure paternelle interrogeant les auteurs dans la diversité de leurs approches est-elle encore d'actualité ? Nonobstant la place indépassable de cette prière dans la liturgie et la vie sacramentelle, les sept demandes du Notre Père sont-elles encore pertinentes aujourd'hui ? Issues d'un cours public donné à l'université de Genève, les contributions ne s'inscrivent nullement dans la longue lignée des commentaires de la prière du Christ. Elles cherchent d'abord à laisser résonner celle-ci dans la vie chrétienne contemporaine en interrogeant la façon dont le croyant se l'approprie. Ainsi, la répétition quotidienne du Notre Père empêche-t-elle la spontanéité de l'orant ? Cette prière qui nous fait fils et filles de Dieu développe une fraternité entre ceux qui s'y reconnaissent ; de ce point de vue, elle reste au cœur d'une foi vive. La modernité du Notre Père qui existe depuis la naissance de l'Église doit ainsi se confronter à des enjeux de transmission, de traduction et de transposition. Familier autant qu'énigmatique, le Notre Père reste un marqueur de notre identité collective croyante que cet ouvrage vient rappeler avec justesse.