Quand la Parole prend feu, Bellefontaine, coll. « Vie monastique », 1999, 88 p., 85 F.
« Pour toi, quand tu pries... », Mêmes références, 2000, 223 p., 99 F.


Voici, offerts à la faim spirituelle de l'homme d'aujourd'hui, deux petits ouvrages nourris de la pure sève de l'Ecriture et riches des nuits que la ttadition juive du midrash, puis la tradition patristique d'Orient et d'Occident en ont fait mûrir au cours des âges. Le premier, consacré à la lecture savoureuse de la Parole de Dieu, est en quelque sorte un petit traité de la méthode que le second met en oeuvre avec bonheur. Mais il ne faut pas se méprendre sur le terme de méthode : il n'y a ici ni conseils techniques, ni traité systématique
Il s'agit dans le premier ouvrage d'apprendre à « écouter la Bible en stéréophonie ». Entre exégèse patristique et exégèse contemporaine, François Cassingena-Trévedy, moine de Ligugé, familier de l'hébreu et des Pères, ne choisit pas. Ou plutôt il choisit tout, selon le mouvement de l'amour, soucieux de ne perdre aucune parcelle du trésor de l'Ecriture aucun reflet de la perle de grand prix. « Nous sommes chez nous dans l'Ecriture : nous devons nous y ébattre comme des enfants. »
Cette manière de se promener dans l'Ecriture en enfant qui joue, en explorateur et en jardinier, est mise en oeuvre dans le second ouvrage, à propos de la prière. Le fil conducteur en est tout simplement la formule de M t 6, 6 : « Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là, dans le secret. » Cela vaut au lecteur de redécouvrir ce qu'est une chambre ce qu'est une porte, ce qu'est un secret... et de mettre ces découvertes au service de l'unique nécessaire : la rencontre du Père, dans le Christ, par l'Esprit : « Un souffle nous est donné pour que nous puissions parler en Trinité. »
Pour goûter pleinement ces deux livres, il faut peut-être comme l'auteur, être un peu poète, ou en tout cas avoir gardé de l'enfance la capacité de gambader, et celle de s'émerveiller des choses de la vie ordinaire : une porte, mais aussi une bernique ou une anémone de mer... Alors, les choses de Dieu deviennent elles-mêmes des choses familières, et le lecteur est conduit, presque à son insu, jusqu'à ce point où la prière se révèle pour ce qu'elle est : non une activité réservée à certains, une attitude psychologique et spirituelle, mais « mon exister au contact, à vif, avec l'Exister de Dieu ».