Voici un petit livre inclassable. Imaginez une « grenouille de bénitier » devenue mystique sans rien perdre de sa gouaillerie de grenouille, et qui, du fond de son bénitier, assiste quotidiennement à la messe… Imaginez-la sensible à la liturgie, à la beauté de la musique, à l’intelligibilité des lectures et des textes, à la profondeur spirituelle des homélies. Et devinez son état d’âme lorsque rien de tout cela n’est visible ni audible : quand la liturgie est quelconque, les chants indigents, les lectures bredouillées, les homélies interminables… Martine Digard ressent tout cela avec une sensibilité affinée par une longue et fidèle pratique, une oreille musicale et un profond accord spirituel à l’inépuisable événement eucharistique. Elle nous partage ses étonnements, ses agacements, ses questions, ses colères parfois. Mais elle le fait avec tendresse et humour, au plus près de l’insondable mystère. Alors, au gré des pages qui suivent fidèlement le déroulement de la messe, le lecteur pénètre à son tour dans ce mystère. « J’entre dans l’église » annonce la première partie. « Et la messe continue » déclare la dernière. Entre les deux, Martine Digard nous offre, en guise d’homélies, ses « rêveries de grenouille » : quelques merveilleux petits tableaux évangéliques : le sarment émondé, le paralytique guéri, le trésor caché, le serviteur inutile… un Evangile au ras de la vie quotidienne, avec le mendiant à la porte de l’église, les réfugiés à la porte de nos pays, les divorcés remariés à la porte des sacrements. Mais un Evangile lu dans la profondeur mystique de la Rencontre avec « Celui-là qui frappe dans le silence de l‘âme » et auquel ce petit livre donne humblement la parole.
C’est vrai : « Il faut juste s’approcher du buisson ardent où brûle le feu de l’Aimant… Essaie et tu verras » Des chrétiens occasionnels ou déçus en retrouveront peut-être ici le chemin.