Dieu masculin, Dieu féminin ? Dieu père, mais aussi mère ? Ces propositions, impensables pour les générations passées de lecteurs de la Bible, sont aujourd’hui communes. Retombées d’une histoire qui, au XXe siècle, s’est rendue sensible à la différence des sexes comme noeud de la condition humaine ? Certainement, et heureusement. Les Écritures bibliques ne pouvaient échapper au débat, en notre culture, sur la domination symbolique, qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin, comme l’énoncent benoîtement nos grammaires. C’est ainsi qu’un imaginaire tacitement masculin de Dieu comme les schémas patriarcaux en sous-main des récits bibliques se sont vus placés sous les feux d’une conscience critique. C’est par là aussi que s’est gagnée une perception plus sensible d’un versant de la révélation qui avait été ignoré ou négligé, et qui concerne tout ce dont faisait peu de cas une tradition qui trouvait ses avantages à ne nommer Dieu qu’à travers des références masculines : roi, juge, berger, guerrier, ou encore « père » dans l’acception la plus patriarcale du mot. Quitte à contrebalancer l’image ainsi formée par de prétendus adoucissements néo-testamentaires. En un mot, disons que l’on sait mieux identifier aujourd’hui un tissage de féminité qui concerne non seulement l’histoire d’Israël, mais le visage même de Dieu. Ce qui ne signifie pas qu’en accommodant sur le refoulé d’hier, on soit préservé de nouveaux détournements… D’où la nécessité d’entendre les textes avec toute leur finesse, si l’on veut percevoir comment, lorsqu’ils sollicitent le registre de l’enfantement pour dire Dieu, ils font plus qu’inverser nos habitudes, mais donnent à méditer quelque chose de central dans l’économie du salut.

Les entrailles de Dieu


Partons de quelques termes qui ont acquis aujourd’hui une visibilité inédite. Tels sont ces