Profondément enfouis en nous et le plus souvent invisibles, ces liens fondateurs et gratuits sont aujourd’hui fragilisés. La prégnance des moyens techniques, la primauté de l’intérêt et du résultat poussent à faire des relations contractuelles et fonctionnelles, l’unique modèle de la relation, mesurée à son utilité pratique ou à son profit, y compris affectif. Tout doit pouvoir s’acquérir et se résoudre par des moyens appropriés en constante évolution.

N’était-ce pas déjà ce modèle si séduisant qu’en son temps, celui des évangiles, le Prince du mensonge tentait de substituer habilement à la relation vitale qui unissait Jésus à son Père, Dieu ? 

Pour que le pain soit accessible et partagé à tous, il ne suffit pas de savoir transformer les pierres. Il faut d’abord entendre et aimer la Parole qui donne vie à l’attention au monde et à l’amour de l’autre accueilli comme un don.
C’est à renouer ces liens de confiance et de foi vitaux, en priorité chez ceux qui en étaient exclus, que Jésus a passé sa vie jusqu’à la donner en signe de l’amour et du pardon qui passent toute mort. Dans ce service du monde et de l’humanité l’Eglise, « servante et pauvre » a pris sa suite. En elle l’Esprit nous invite à nous laisser appeler et  toucher par ceux que le manque de vie, de santé, de justice, de foi,… met à l’épreuve.  Ce sont autant de liens à tisser dans l’amitié, à renouer socialement, à instituer politiquement si besoin. 
A l’aube du carême, une porte peut-être s’ouvre là…