Éditions Fidélité, coll. « S piritualité ignatienne », 2006, 300 p., 23,95 euros.

Voici un livre bien utile et précieux qui rejoint une urgence et une préoccupation d’Église aujourd’hui : comment aider de si nombreux groupes, équipes, communautés d’Église, à discerner ensemble le sens apostolique de leur présence ? Quelle forme d’accompagnement convient-il de développer pour ajuster le chemin du service et de la responsabilité à celui d’une croissance personnelle et communautaire dans la foi ? La démarche suivie est à elle seule un défi, puisqu’elle propose tout simplement la dynamique des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola.
La première partie du parcours consiste précisément à examiner les conditions de possibilité et les prérequis autorisant la transposition pour un groupe d’une démarche essentiellement destinée à des individus : une pratique méthodique et approfondie de la « conversation spirituelle », une approche de la psychologie des personnes qui se réfère davantage à la tradition jungienne, qui nous est peut-être moins familière en France, en sont les « piliers » principaux. La démarche elle-même est présentée dans la deuxième partie, tandis que la troisième propose une mine de fiches très concrètes proposant des exercices de prière, d’évaluation, d’animation, d’accompagnement — fruit de vingt ans d’observation et d’expérience.
Ces dernières décennies, on a vu fleurir plusieurs initiatives visant une pratique plus collective et communautaire des Exercices spirituels, au Canada (avec A. Grondin), aux États-Unis (avec J. English), en Europe (avec la CVX entre autres). L’intérêt de ce Manuel des accompagnateurs est de fournir une synthèse suffisamment cohérente, fondée, pour être transposable à des groupes d’appartenances diverses. Certes, au terme du parcours, le désir est grand d’interroger, de discuter certains points comme l’insistance sur le « nom de grâce », la présentation du péché ou des troisième et quatrième semaines… Il n’empêche : Michel Bacq, Jean Charlier et leur équipe signent là un ouvrage stimulant auquel bien des accompagnateurs seront heureux de recourir, et peut-être même d’apporter leur contribution.