Notre vie de prière s'exprime à travers diverses formes communautaires : liturgie, piété populaire et pratiques dévotionnelles. Chaque pratique devrait manifester selon son registre notre capacité de croyants à nous laisser rassembler par le Seigneur au-delà de toutes les distinctions (cf. Ga 3, 28) et constituer un moment de joie et de communion en Jésus Christ, pierre angulaire du nouveau rassemblement du peuple de Dieu, à savoir l'Église. Or l'appel à entrer en communion semble trop souvent mis à mal à l'endroit même où devrait s'exprimer de manière privilégiée notre réponse, sous la forme d'un élan vers Dieu. Quels repères proposer pour un discernement en vue d'un dépassement des points de division et de l'édification de l'Église à travers ces multiples pratiques ?

Un nécessaire discernement

Parce qu'il fallait alors redonner toute sa place à la liturgie dans la vie spirituelle des chrétiens, le mouvement liturgique préconciliaire a souvent critiqué les manifestations de la piété populaire. L'éminent liturge italien Romano Guardini (1885-1968), protagoniste majeur de ce mouvement, estimait néanmoins que « rien ne serait en réalité plus faux que de vouloir imposer à la vie spirituelle le cadre exclusif de la liturgie1 ». Reprenant la perspective, le Concile souligne aux numéros 12 et 13 de sa constitution Sacrosanctum Concilium l'importance des pia exercitia car « la vie spirituelle n'est pas enfermée dans la participation à la seule sainte liturgie ».

La période postconciliaire a su donner toute sa place à la piété populaire, tout en manifestant la nécessité de régulations institutionnelles en ce domaine où beaucoup d'initiatives jaillissent. Le Directoire sur la piété populaire et la liturgie, publié en 2003, apparaît à cet égard comme un outil au service du discernement, même si