Cerf, coll. « Histoire », 2008, 198 p., 18 euros.
Il est grand temps de collecter encore mille petits éclats spirituels de la vie de petite soeur Magdeleine de Jésus (1898-1989). Fondant en 1939 la Fraternité des petites soeurs de Jésus dans la droite ligne de la spiritualité de Charles de Foucauld, Magdeleine de Jésus veilla jalousement à ce que rien ne devienne véritablement médiatique dans le travail et la mission des petites soeurs. C’est dire si, après la biographie passionnante écrite par Kathryn Spink (Centurion, 1994), nous ouvrons avec bonheur un nouvel ouvrage consacré à la fondatrice écrit par une de ses plus anciennes compagnes, petite soeur Annie de Jésus entrée dans la Fraternité en 1948.
Être avec les plus pauvres, vivre avec ceux qui n’ont jamais entendu parler du Dieu de Jésus-Christ : c’est la vocation de Magdeleine Hutin qui commença sa vie religieuse au Sahara. Mais il y avait encore bien des coins de terre qui devaient accueillir cette nomade de Dieu, toujours soucieuse d’aller à la rencontre du plus isolé. À 81 ans, ne participait-elle pas encore à un voyage touristique en Chine pour en approcher les habitants ?
Très vite, elle entraîna de nombreuses vocations dans son sillage, dispersant les jeunes soeurs aux quatre horizons. Elle les invitait à une présence discrète et aimante des habitants du monde : « Qu’on ne nous demande pas de sortir de cet enfouissement de la vie cachée. Que l’on ne veuille pas nous englober dans un apostolat “organisé” pour lequel nous ne sommes pas faites. Notre présence silencieuse dans les ateliers et les usines, dans les rues des villes et des villages, dans les prisons, dans les roulottes ou sous les tentes, est peut-être un des apostolats les plus féconds qui soient. »
Profondément contemplative, Magdeleine de Jésus entraînait avec elle les « petites soeurs de rien du tout ». Petite soeur Annie de Jésus parle peu de cette dimension intime, profonde, personnelle, de la vie de prière de Magdeleine de Jésus. Mais toute sa vie est pétrie de cette profondeur évangélique, simple, exigeante, que la fondatrice savait rappeler à temps et à contretemps : « Soyez partout des éléments de paix et d’union. »