En 598 et 587 avant Jésus-Christ, le royaume de Juda se trouve déporté de Jérusalem à Babylone. Il s'agit d'un véritable tournant dans l'histoire de ce peuple choisi par Dieu. Cinquante années d'exil vont laisser des traces indélébiles. Pour mieux comprendre la profondeur de l'événement, laissons à l'histoire un peu de champ.

En 721, le Royaume du Nord s'écroule sous les coups de l'Assyrie. Samarie, la capitale, disparaît, elle aussi. Il ne reste plus que le Royaume du Sud, Juda, où se succèdent des rois qui détournent leur cœur de l'Alliance avec Dieu. Vers 640, c'est Josias qui devient roi. Il s'efforce de ramener son peuple sur le chemin de la fidélité et propose une réforme liée à la découverte d'un manuscrit deutéronomique apporté à Jérusalem par des réfugiés d'Israël après la destruction de Samarie. Pendant ce temps, en 612, les Chaldéens de Babylone détruisent Ninive, la capitale assyrienne. Cela soulève un grand espoir chez les peuples voisins : la paix se profile-t-elle à l'horizon ? Cet espoir va être vite déçu, car Nabuchodonosor, le général chaldéen, n'est pas moins redoutable que les Assyriens. Il rêve de détruire l'Égypte. Le Pharaon s'allie alors à l'Assyrie agonisante contre Babylone. Josias s'y oppose et veut barrer la route aux troupes égyptiennes ; il meurt à Meggido.

En 598, Nabuchodonosor prend une première fois Jérusalem, déporte à Babylone le roi, les dignitaires, les fonctionnaires et l'élite du royaume. En 587, il revient, s'empare à nouveau de la ville, la détruit de fond en comble, brûle le Temple et l'Arche d'alliance. Il emmène un nouveau contingent de déportés. La plupart des historiens pensent que leur nombre s'élève à vingt mille en Babylonie, répartis dans les bourgades au bord des canaux d'irrigation. C'est la fin du Royaume de Juda. À vues humaines, il n'y a plus d'espoir. Le peuple élu semble définitivement vaincu et voué à la disparition.

Un arrachement

Nous mesurons mal ce qu'a pu représenter l'Exil. Pour saisir l'intensité du choc, revenons en arrière pour nous souvenir des fondements de la vie sociale et religieuse depuis David et Salomon.

La Terre

Promise aux ancêtres, la Terre est le signe même du don gratuit que Dieu fait à son peuple. « C'est à ta descendance que je donnerai ce pays », dit Dieu à Abraham, en lui désignant le pays de Canaan (Gn 12, 7). Mais ce don est indissociable d'une conquête qui ne s'est pas faite sans heurts ni sans peurs. Le chapitre 13 des Nombres nous livre le récit fait par les hommes envoyés pour explorer le pays. Ils reconnaissent qu'il est ruisselant de lait et de miel, mais sont fortement impressionnés par les habitants qui, à leurs yeux, ont la taille de géants. Cette terre séduisante est aussi redoutable. Il n'est pas facile d'entrer dans