Moi, je ne juge personne (ou, s'il m'arrive de juger, moi, mon jugement est valable, parce que je ne suis pas seul…).
Jésus, parlant de lui-même, en Jean 8,15-16
Ne jugez pas, pour n'être pas jugés ; car, du jugement dont vous jugez, on vous jugera ; de la mesure dont vous mesurez, on usera pour vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! Ou bien comment vas-tu dire à ton frère : « Attends que j'enlève la paille de ton œil », alors qu'il y a une poutre dans le tien ? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l'œil de ton frère.
Matthieu 7,1-15
Montrez-vous miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ; remettez, et il vous sera remis.
Luc 6, 36-42
Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car, en jugeant autrui, tu juges contre toi-même : puisque tu agis de même, toi qui juges, et nous savons que le jugement de Dieu s'exerce selon la vérité sur les auteurs de pareilles actions. Et tu comptes, toi qui juges ceux qui les commettent et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu ?
Romains 2,1-3
Je ne me juge pas moi-même…
1 Corinthiens 4,3
Car le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde, mais la miséricorde se rit du jugement.
Jacques 2,13
Celui qui médit d'un frère, ou qui juge son frère, médit de la Loi et juge la Loi. Or si tu juges la Loi, tu n'es pas l'observateur de la Loi, mais son juge… Et toi, qui es-tu pour juger le prochain ?
Jacques 4,12
La charité excuse tout.
1 Corinthiens 13,7
« Vous-mêmes, ne jugez pas »
Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Faut-il vraiment le croire ? Car c'est une parole forte. Elle suggère, par rapport aux demandes et interdits de la morale, et même aux exigences de la perfection, une voie prodigieusement courte. Il ne s'agit de rien de moins que d'échapper à la sphère du jugement : « Vous ne serez pas jugés. » Or l'interdit moral (ou l'obligation) réfère au jugement : il faut obéir à la loi, sinon l'on est coupable, avec les conséquences qui s'ensuivent (et quand ce ne serait que le sentiment de culpabilité, ce n'est déjà pas peu).
Il y a même dans la religion, chrétienne plus précisément, la perspective du « Jugement », à majuscule, celui de Dieu sur les vies humaines, où tout le caché sera découvert, où les justes eux-mêmes seront tout étonnés de ce qui se révélera (« Seigneur, quand t'avons-nous vu nu, affamé, en prison… ? »). C'est, il est vrai, un thème sur lequel le langage chrétien contemporain s'est fait discret ; par réaction, peut-être, contre cette « religion de la peur » qui a fortement usé de la peur du Jugement (et de l'enfer) pour maintenir les hommes dans une discipline terrifiée.
Pourtant, c'est bien là, dans le texte du Nouveau Testament, cette présence insistante, inquiétante du Jugement. Elle doit bien avoir sens ! Mais voici que, dans ce même Nouveau Testament, nous est donnée une issue, un surprenant moyen de passer hors du