Un matin de décembre, lors des premiers jours de l'Avent, inspirée par je ne sais quel esprit de fantaisie, j'ai décidé de changer de chemin pour me rendre au travail. Cet esprit qui me voulait sûrement du bien m'a ainsi mise sur la route d'une connaissance. Et, nous voici, deux femmes se retrouvant par un coup du hasard et s'embrassant sur ce coin de trottoir, toutes deux savourant le goût heureux des rencontres inopinées.

Après ces retrouvailles fortuites, les embrassades de deux autres femmes sont remontées à ma mémoire, celles de Marie et d'Élisabeth qui ont accepté un jour d'emprunter un autre chemin que celui qui se dessinait pour elles. En son âge avancé, Élisabeth aurait pu s'estimer quitte du devoir de fécondité et goûter le repos des vieux jours ; et, face au défi d'une grossesse imprévue, Marie était toute légitime à s'en tenir à la fidélité envers la marche habituelle des choses et donc à refuser cette charge. Mais voilà pourtant que, confiantes, elles ont accepté de jouer le jeu de l'inattendu. Bien leur en prit. L'imprévu ouvre des failles par lesquelles la grâce s'invite dans nos vies pour notre bien et celui des autres ; quand c'est le moment, il faut savoir quitter la grand-route. Il en est de même pour nos habitudes intérieures que nous devons apprendre à déposer. Nous sommes si souvent enclins à transformer les dons spirituels en assurance vie, afin de faire venir Dieu par les recettes qui nous semblent éprouvées. Or, en ce domaine, toutes les assurances finissent par s'envoler. Si nous nous accrochons à nos habitudes, nous nous rendons insensibles au souffle qui, un jour, nous signifie qu'il est temps d'emprunter un autre chemin, celui au bout duquel se trouve une joie nouvelle qui nous attend. Comme Marie et Élisabeth, ne boudons pas les surprises de l'Esprit.