L’anniversaire des 400 ans de la mort de Matteo Ricci, intervenue le 11 mai 1610, est marqué par un grand nombre de célébrations : colloques internationaux à Rome, Paris, Pékin, Shanghai et Taipei, entre autres villes. On peut voir là des raisons « politiques » : Ricci est un trait d’union entre l’Europe et la Chine – et le symbole d’une réconciliation possible entre le Vatican et Pékin comme entre des communautés catholiques chinoises divisées. En même temps, le succès de « l’année Ricci » est dû à l’attrait, à la fascination même, que suscite un homme dont la destinée fut hors du commun.
 

Dans le dynamisme de l’humanisme dévot

 
Faut-il rappeler les grandes étapes de la vie de Matteo Ricci ?
Né en 1550, originaire de la ville de Macerata, il entre au noviciat jésuite de Rome en 1578. Il poursuit dans cette ville des études humanistes et scientifiques. Le savoir qu’il acquiert nous semble aujourd’hui encyclopédique, caractéristique d’un « humanisme dévot », lequel fait alors pleine confiance aux capacités morales, cognitives et intellectuelles d’un homme créé à l’image de son créa­teur 1. Encyclopédique, le savoir dispensé dans la Rome de l’époque est aussi fortement organisé. Les méthodes mnémotechniques ac­quises par Ricci, son sens aiguisé de l’ordre et de la méthode feront merveille une fois qu’il sera parvenu en Chine.
Il demande à être envoyé dans la mission des Indes, arrive à Cochin et y est ordonné prêtre en 1580. C’est en 1583 qu’il arrive à Macao, l’enclave commerciale à partir de laquelle s’exerce le pa­droado 2 portugais sur cette partie du monde. Il se met tout de suite à l’étude de la langue et rédige avec son compatriote Michele Ruggieri (1543-1607) un premier lexique portugais-chinois – recherchant en même temps à codifier un système cohérent de romanisation des sons chinois. L’année suivante, il s’installe à Zhaoqing, près de Canton, et fait appel à ses connaissances en