C’est au cœur de mon histoire quotidienne que Dieu m'appelle et me fait signe. En revoyant avec le regard de Dieu ce qui tisse ma journée, je peux en prendre conscience. Mais, souvent, c'est par la médiation du regard et de la parole d'autrui que je peux reconnaître le passage de Dieu. Quand, entre deux croyants, la rencontre est vraie, il est parfois donné à chacun de révéler à l'autre que l'Esprit fait son œuvre en sa vie. La joie tranquille en est le signe. La bénédiction et la louange, les fruits. La rencontre de Marie avec Elisabeth (Le 1,39-80) traduit quelque chose de cette expérience.

Marie partit en hâte


La jeune femme avance sur le chemin. La démarche est alerte et le visage paisible. Elle s'en va rendre visite à Elisabeth, sa parente. Avec elle, d'autres font route, des amis, des voyageurs, et probablement aussi Joseph, son époux. Son nom est Marie. En elle mûrit une bonne nouvelle reçue il y a quelque temps : elle va bientôt enfanter. Tout son être, elle en est consciente, se livre âme et corps à ce travail de vie ; une joie forte la saisit à la pensée de cet accomplissement humain désiré, et pourtant si surprenant, que représente pour elle la maternité.
Le chant des psaumes, par bribes, monte à ses lèvres tandis que défile sous ses yeux le paysage qu'elle aime, oliviers, terre de vignes et champs de blé : « Chante, ô mon âme, les louanges du Seigneur... Le Seigneur Dieu est un soleil... Que la terre tout entière L'adore ! » Elle repasse en son cœur tous les événements de ces derniers jours et s'interroge : cette force paisible et cette ouverture pleine d'élan qui