Si la vie est une aventure, marcher est un art ! Dès le début en effet, le petit d’homme se risquant, de déséquilibre en déséquilibre, de chute en chute, va trouver l’équilibre de la marche et se mettre debout ! Ce mouvement-là est irrésistible… chemin de vie de tout être humain : naître, croître, affronter, s’épanouir, buter sur des obstacles, les dépasser, avancer encore… jusqu’au dernier souffle.
Comme le dit bien le pape François dans une homélie au lendemain de son élection « notre vie est une marche et, si nous nous arrêtons, rien ne va plus ». Plus tard, il ajoute encore :
 
Marcher est précisément l’art de regarder l’horizon, de penser où je veux aller, mais également de supporter la fatigue du chemin. […] N’ayez pas peur des échecs, n’ayez pas peur des chutes. Dans l’art de marcher, ce qui est important, ce n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas « rester par terre ». Se relever immédiatement, et continuer à marcher. Et cela est beau : c’est cela, travailler tous les jours ; c’est cela, marcher de façon humaine. […] C’est bon ? Tu n’auras pas peur du chemin ? [1]


Partir avec soi-même


Aujourd’hui dans le monde occidental, on a redécouvert la marche. Marcher est à la mode ! Beaucoup se lancent dans l’aventure, tour du mont Blanc, trek au Népal, chemin des Incas… Celui qui se lance dans l’aventure d’un pèlerinage ne part pas tout à fait dans les mêmes dispositions qu’un randonneur classique. « Faire le chemin » de Saint-Jacques-de-Compostelle, par exemple, c’est partir pour une longue route, sans savoir si l’on pourra « tenir » jusqu’au bout.
Cela se prépare matériellement et intérieurement. Le chemin devient alors symbole d’un autre départ tout intérieur et beaucoup plus profond. Celui qui part marche vers un but précis, avec des attentes : soif de silence, besoin de faire le point, nécessité de passer une étape. Il veut retrouver un sens et une cohérence à sa vie. Il aspire parfois à rencontrer les autres, à vivre une aventure humaine et spirituelle tout à la fois… Même si les raisons du départ sont parfois confuses, rares sont ceux qui reviennent indemnes. Car marcher engage tout l’être. Bien plus qu’un effort physique, une démarche d’intériorité s’enclenche, comme si marcher à « l’horizontale » sur cette terre faisait redécouvrir la dimension « verticale » de l’être et de la vie !
Empruntant jour après jour le sentier balisé, le pèlerin entre peu à peu en lui-même. Les réflexions sur lui, sur sa vie, sur Dieu s’entrecroisent et le bousculent ! Il s’éprouve un parmi d’autres, inscrivant ses pas dans ceux de tant de pèlerins qui l’ont précédé tout au long de l’histoire… Non seulement il en mesure l’épaisseur, la beauté et la richesse dans les monuments à visiter, mais il voit et sent à chaque...

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