Manessier, Ereme, 2003, 64 p., 13 euros
Robert Morris, Ereme, 2003, 80 p., 14 euros
Aurélie Nemours, Ereme, 2004, 80 p., 13 euros
Rabinowitch, Ereme, 2004, 80 p., 13 euros


Manessier le dit d’entrée de jeu : ses verrières sont un itinéraire pour l’âme. Il ne les a pas arbitrairement juxtaposées. Du prélude de la Sainte Cène et de l’Annonce de la Pentecôte jusqu’à l’éblouissement pascal du Matin de Pâques, il en a pensé le graphisme et posé les couleurs, selon le parcours spirituel de l’église du Saint-Sépulcre d’Abbeville (Somme), traversant Gethsémani, Chaos et le Crépuscule au soir du vendredi saint. Chacune d’elle livre les ombres et les lumières du chemin de la Croix selon les lueurs variées des heures du jour. Conçue comme un cantique spirituel, la mise en page égrène en regard poésies et oeuvres de Manessier.
Ce qui est donné en exemple avec Manessier se renouvelle à Maguelone (Hérault) où les vitraux de Robert Morris, aux couleurs du ciel, de l’eau et de la terre, et ondulés comme des vagues, forment une osmose transcendante entre la quiétude sacrée d’une église romane et l’espace infini de terre et de mer.
Au prieuré de Salagon (Haute-Provence), c’est le monochrome rouge-feu d’Aurélie Nemours qui conduit l’âme entre absolu et interdit : « Ce lieu est sacré. » En 1997, commentant ses vitraux, l’artiste rappelait : « Voici donc réunis les stigmates de la purification mystique : “feu et lumière”. » Ici encore, huit poèmes de l’artiste répondent aux vitraux et invitent à la méditation.
Le quatrième ouvrage est un peu autre, puisqu’il donne d’abord lecture des symboles bibliques que Rabinowitch a disposés dans la cathédrale de Digne (Haute-Provence) selon un parcours spirituel, liturgique et sacramentel. Les vitraux, eux, sont des « présences ». Assemblage de verres clairs transparents et de verres blancs translucides, ils ne reçoivent qu’un seul motif coloré et circulaire au centre.
Appelé cive, ce motif est une trouvaille géniale de l’artiste. Sa répétition sur chaque fenêtre, et dans des colorations différentes, crée l’unité de tous les éléments, depuis la présence trinitaire dans le choeur jusqu’au lieu de l’assemblée, la nef.