Pour certains d'entre nous, la lecture des Écritures se vit personnellement pour nourrir la méditation. Mais comment les Écritures méditées seul peuvent-elles susciter une « communauté de croyants » ?

Au cours de l'eucharistie, il s'agit encore de la lecture de textes des Écritures ; mais est-il si sûr que les Écritures proclamées soient immédiatement reçues comme « parole du Seigneur » par l'assemblée des croyants qui les acclame ? Le dispositif de proclamation et de réception reste en effet très hiérarchique et laisse chacun assez seul devant ce qu'il entend. Si les deux situations sont constitutives de la vie chrétienne, ni l'une ni l'autre n'intègrent réellement la dimension communautaire de la réception des Écritures. Or l'Église ne peut réellement naître que de la lecture et de la parole partagée autour des Écritures. C'est à cette condition que ces textes peuvent en vérité être reconnus comme « parole de Dieu » qui fonde une communauté de croyants.

À la suite de quelques précurseurs, dès les années 1970, Monique Rosaz et le jésuite Édouard Pousset ont eu l'intuition et l'expérience qu'une lecture attentive et rigoureuse des Écritures partagée à plusieurs, tous statuts confondus, pouvait non seulement ouvrir le chemin d'une conversion personnelle mais aussi poser les fondements d'une communauté chrétienne. Dans cet élan, des « groupes d'Évangile » se sont constitués en Creuse et dans d'autres régions de France, là où des ouvriers de