Que les chrétiens aient à se nourrir du Verbe de Dieu aux « deux tables de la Bible et de l’Eucharistie » 1, voilà ce qu’atteste la plus ancienne pratique de l’Église. C’est cette symbolique des deux tables qu’a voulu particulièrement honorer la réforme liturgique de Vati­can II, rappelant ainsi que « l’Église a toujours vénéré les divines Écritures comme elle l’a toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ pour l’offrir aux fidèles » 2.
Il en ressort que l’Écriture est « pain de vie », un pain à manger au même titre que le pain eucharistique, ce pain descendu du ciel dont Tertullien disait qu’il est « la parole du Dieu vivant ». L’Écriture et le pain sont les deux modes de l’unique liturgie en laquelle Dieu parle et se communique. L’Écriture est offerte au croyant comme sacrement de la Parole de Dieu et réciproquement le sacrement « ef­fectue » en lui cette Parole qui guérit et nourrit, lie et délie, réconcilie et rassemble, confirme et envoie.
 

La conversation humaine


Suffit-il cependant d’affirmer la sacramentalité de l’Écriture et de faire valoir « la dynamique qui va de la table des Écritures à celle du sacrement » 3 pour être quitte ? Dieu ne saurait être assigné à rési­dence ni dans la lettre ni dans le rite. Ni l’une ni l’autre n’épuisent sa Parole. Et que gagnerait-on à l’enfermer dans la circularité des deux ? Ce serait oublier que la médiation sacramentelle de l’Église déborde sa