Préf. D. Ponnau. Siloé, 1999, 189 p., 290 F.

Il en est des livres comme des amis. Certains d'entre eux nous provoquent à une telle densité d'émotion que l'on se sentirait coupable de les délaisser, surtout lorsque ce livre est, comme le dit Dominique Ponnau, une offrande.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une véritable frénésie pour les arts du feu s'empare des grands peintres de l'époque. La céramique, la poterie, les émaux deviennent soudainement des techniques à la mode. Serait-ce parce que la fusion des éléments, les reflets de la lumière et de la terre, le souffle et l'onde qui se répandent sur le métal coloré, le feu, sont les lieux mêmes de toute quête de réalité et de spiritualité ?
Certes, l'art des métaux, à partir de plaques de cuivre ou d'argent, de poudre d'oxyde, de feu, est le lieu même de la fascination de l'immatériel, du ravissement. Juxtaposer un trait pensé et maîtrisé dans un acte vrai et modeste, quel grand artiste aurait pu s'y refuser ?
Plus que des nouvelles possibilités expressives, ces vibrations chromatiques, où la matière est transfigurée, sont langage d'artiste autant que de prêtre. Les bénédictins de Ligugé l'ont compris.