Trad. P.-A. Giguère. Novalis/Bayard, 2009, 145 p., 17 euros.

Joan D. Chittister est membre de la communauté bénédictine d’Erie en Pennsylvanie. Elle est bien connue aux États-Unis et au Canada pour son oeuvre importante (une trentaine d’ouvrages) et pour son engagement en faveur de la paix et du droit des femmes dans l’Église et la société.
L’objectif de ce livre est de présenter un commentaire du Décalogue accessible à tout croyant. Rien de livresque. Le pragmatisme du propos est rafraîchissant. Reprenant chaque commandement l’un après l’autre, elle pose les questions du type : « Qu’est-ce que cela voulait dire ? » ; « Qu’est-ce que cela a toujours signifié ? » ; « Et qu’est-ce que cela veut dire maintenant ? »
Le double commandement de l’amour, qui résume, selon Jésus, tous les autres (Mt 22), est cité en première page et commenté lui aussi dans les dernières pages de l’ouvrage, formant ainsi comme un écrin pour tout l’ensemble.
Cette façon de présenter les choses peut décevoir celui ou celle qui chercherait une étude exégétique, bien que celle-ci apparaisse souvent en filigrane. Pour l’auteur, il s’agit plutôt de mettre le doigt sur les contradictions et les péchés personnels, collectifs ou structurels d’une société qui a comme perdu son âme en se coupant de sa propre tradition, celle que représente le Décalogue : « Que sont les dix commandements, et que signifient-ils pour nous à notre époque où juifs, chrétiens et musulmans, tous ensemble, se réclament de Moïse et des tables du Sinaï comme fondement de la loi, quel que soit le nombre d’autres lois qu’ils ajoutent ? »
En cette période de « crise » mondiale, éthique, financière, économique et sociale, John Chittister ne mâche pas ses mots, rappelant par exemple que le Dieu du Décalogue est celui qui entend la détresse des pauvres. Les commandements de Dieu apparaissent dès lors comme des « règles » pour vivre et croître en humanité. En faire fi ou les oublier, c’est régresser en humanité.
Le fond de la première de couverture du livre est une photo représentant des bras et des mains entrelacés, le tout formant un réseau solide où chacun tient à l’autre : « Une fois qu’on a pris conscience qu’on est responsable des autres comme de soi-même, on ne peut absolument pas dire qu’on n’est en rien concerné par ce qui les affecte, qu’il s’agisse d’une législation, d’une catastrophe naturelle ou de la perte de ressources. »