La lumière qui vient de s'éteindre a été, pour ceux de ma génération, la plus pure qui ait éclairé leur jeunesse » : ainsi commence la biographie de Tolstoï qu'écrivait Romain Rolland en 1911, quelques mois après la mort de celui-ci. Evoquant son groupe d'amis étudiants, il ajoute : « Chacun l'aimait sans doute pour des raisons différentes : car chacun s'y retrouvait soi-même ; et pour tous, c'était une porte qui s'ouvrait sur l'immense univers, une révélation de la vie » 1. Nombreux sont les échos de cette époque, venant de lecteurs ou visiteurs de Tolstoï, qui s'accordent dans la reconnaissance de « la figure d'un génie littéraire qui a été également la conscience morale du monde et le héraut de l'intégrité de la personnalité humaine » 2. Son autorité était telle de son vivant que le directeur du plus grand quotidien de Russie écrivait : « Nous avons deux tsars, Nicolas II et Léon Tolstoï », ajoutant que Nicolas II ne pouvait rien contre Tolstoï qui lui, au contraire ébranlait certainement son trône 3.
Est-ce un tel danger que craignait Lénine devant le rayonnement, même posthume, de Tolstoï ? Il publia une série d'articles en 1908, à l'occasion du 80' anniversaire de Tolstoï, et en 1911, après sa mort. Il y déclarait : « De nos jours, toute tentative d'idéaliser, de justifier ou d'atténuer sa "non-résistance", son appel à l'Esprit", son prêche de "perfectionnement moral", de "conscience" et d'"amour" universel, d'ascétisme et de quiétisme, sont directement et grandement nuisibles » 4.
En jetant un tel interdit sur l'héritage de Tolstoï, Lénine ne montrait-il pas qu'il en discernait exactement la portée ? Tout en caricaturant son attitude religieuse il soulignait avec force les vraies lignes de sa pensée : l'amour et la non-résistance au mal par la violence le rôle de l'Esprit et de la conscience, l'importance du perfectionnement. Largement entendu au-delà des frontières de la Russie et au-delà du temps de la révolution, cet interdit de Lénine a certainement contribué à occulter le message que laisse Tolstoï, au-delà de son oeuvre littéraire, sur ce que furent sa vie et ses idées politiques et religieuses. Et pourtant, ce qui me paraît le plus précieux à entendre de Tolstoï aujourd'hui est peut-être précisément ce qui inquiétait le plus Lénine : les chemins par lesquels peut se construire la personne humaine, au fil des jours, pour tendre vers la plénitude de l'être, et trouver joie et force de vivre.
Pour comprendre cet itinéraire de Tolstoï et son effort de construction de soi-même, nous disposons d'un témoignage irremplaçable : son Journal 5, qu'il tint dès l'âge de 19 ans et jusqu'à sa mort, à 82 ans. Il y dévoile ce qui fait l'unité profonde de son existence et qu'il tente de faire comprendre dans ses romans : la recherche du sens de la vie dans la confiance mais aussi dans les crises et l'angoisse de la mort. Très tôt s'affirme l'idée que le sens de la vie est dans l'accroissement d'elle-même. C'est cette conviction qui le porte à développer toutes ses capacités. Puis le Journal nous révèle que ce dynamisme trouve son sens et son plus parfait déploiement dans l'accomplissement du commandement divin de l'amour. C'est le moment de la conversion. Ce qu'atteste le Journal, aussi bien que les romans et récits de Tolstoï, c'est que la personne humaine évolue sans cesse et que c'est dans cette capacité de renouvellement qu'elle se construit.


La recherche du sens de la vie


Quel était-il, celui qui écrivit un jour, à l'âge de 48 ans, que l'on ne peut vivre que tant qu'on est ivre de la vie, mais qui constatait aussi que la vie s'était arrêtée pour lui ?
Né en 1 828 dans une famille de la vieille aristocratie russe, Léon Tolstoï eut le malheur de devenir très tôt orphelin. Son enfance, comme celle de ses trois frères aînés et de sa jeune sœur, fut marquée par ces deuils, malgré la sollicitude de leurs tantes, d'abord dans la maison familiale, à Iasnaïa Poliana, près de Toula, puis à Kazan où Tolstoï poursuivit sa vie de lycéen et d'étudiant. En 1847, il retourna dans le domaine d'Iasnaïa Poliana, dont il se trouvait désormais propriétaire Là, soucieux de remédier à l'ignorance des enfants des paysans, il ouvrit bientôt une école. Cette année-là, il avait commencé à tenir son journal qui, dès les premières lignes, fait état de ce que sera sa préoccupation constante : exercer sa réflexion et sa raison pour examiner sa vie, et les utiliser dans la pratique.
C'est une ligne qu'il ne quittera plus dans toutes les circonstances de sa vie : séjours à Saint-Pétersbourg et Moscou où il mène une vie qu'il qualifiera souvent de débauchée ; en 1851, en compagnie de son frère Nicolas, découverte du Caucase où, avec son récit Enfance, reconnu par la critique, s'affirment son goût et son talent pour l'écriture ; engagement dans l'armée dans laquelle il restera jusqu'en 1 856 et qui l'amènera du Caucase au front du Danube et à Sébastopol. Il effectue ensuite à deux reprises des voyages à travers l'Europe pour améliorer ses activités pédagogiques à Iasnaïa Poliana, et fut très marqué durant cette période par la mort de deux de ses frères. Son action en faveur de l'instruction et sa charge d'arbitre de la paix, qui le mène souvent à prendre la défense des paysans, lui valent les soupçons de ses pairs et de la police. Son mariage en 1862 est une grande étape : période d'intense production littéraire et de vrai bonheur familial, malgré des signes déjà présents d'une inquiétude qui ne fera que croître sur le sens à donner à cette réussite. La naissance de nombreux enfants, les séjours à Moscou, l'écriture quotidienne, les joies liées à la propriété familiale qui comble son goût de la nature, un amour passionné pour sa jeune épouse n'empêchent pas qu'éclate en 1 875 une véritable crise morale.
Tolstoï écrira dans le récit qu'il intitule Confession en 1880-1882 : « Ma vie s'arrêta. » Lui qui reconnaissait qu'« on pouvait vivre tant qu'on s'enivrait de la vie » devait constater avec effroi que cette ivresse avait cessé ; « à peine dégrisé, on ne pouvait pas ne pas voir que tout cela n'était que tromperie » 6. Dès lors, comment vivre ? La tentation du suicide s'installe II lui est impossible de faire semblant d'être satisfait de la vie qu'il mène, son horreur du mensonge et de l'hypocrisie le lui interdit. Il entre dans une profonde réflexion qui lui fait découvrir que ni la science ni la philosophie n'ont de réponse à la question du sens de la vie. Seule la religion lui semble capable de donner cette réponse. Mais ce qu'il observe du christianisme de son pays et des sociétés qui se disent chrétiennes ne fait qu'augmenter son désarroi. Celles-ci prétendent être construites sur l'amour, mais exercent la violence dans tous les domaines : politique social, militaire, juridique. Il voudrait croire, mais ne le peut pas. Comment continuer à vivre ? « Je veux vivre et je meurs peu à peu, j'aime vivre et j'ai peur de la mort » (/1,657), écrivait-il déjà après la mort de son frère Nicolas. Comment trouver à la vie un sens que la mort ne détruise pas ?


L'accroissement de la vie


Cependant, Tolstoï sent qu'il faut concilier cette impasse avec une intuition qui s'est très tôt dévoilée à lui : le sens de la vie réside dans son accroissement. En effet, dès les premières pages de son Journal, à 19 ans, évoquant un nécessaire changement d'existence parce qu'il est mécontent de son mode de vie de jeune oisif, il écrit : « Id se présente à moi cette question : quel est le but de la vie de l'homme ? Quel que soit l'aboutissement de mes réflexions, quelque point de départ que je leur donne, j'arrive toujours à une unique conclusion : le but de la vie de l'homme est de concourir de tout son pouvoir au développement à tout point de vue de tout ce qui existe. » Et il en conclut : « Désormais donc ma vie sera tout entière effort actif et constant vers cet unique but » (/1,26).
Le jeune Tolstoï se lance alors dans un programme effréné visant ce que nous appellerions aujourd'hui son « développement personnel ». Son but est de travailler de toutes ses forces à son perfectionnement moral, intellectuel et physique. Il l'organise selon des règles concernant toutes les matières culturelles, toutes les disciplines sportives et pratiques, et même des préceptes pour vivre en société. Devant la difficulté présumée de suivre ces règles et ces emplois du temps, il essaie de les ordonner autour d'un principe . « Accomplis tout ce que tu t'es fixé comme devant être accompli » Mais la volonté de Tolstoï, pourtant considérablement exercée, se heurte bientôt à cette prolifération de règles et au constat qu'il est impossible de les appliquer. Tolstoï résumera un jour ces efforts et cette impuissance dans un aveu saisissant : « Ma faiblesse est plus forte que moi » (/ 1,432). Cependant, la conviction que le sens de la vie réside dans son dynamisme d'accroissement et donc que l'homme doit se perfectionner ne le quitte pas, malgré le constat de cette faiblesse existentielle et l'issue absurde de la mort.


L'amour : un mouvement illimité


Dans son prodigieux effort pour découvrir le sens de la vie, Tolstoï était, il est vrai, soutenu par un véritable goût de vivre, à la fois plaisir élémentaire d'exister et amour profond pour la création. Il écrivait à une jeune fille qu'il considérait comme sa fiancée : « Allez de l'avant, aimez, pas seulement moi, mais toute la création, les êtres, la nature, la musique et tout ce que l'univers a de bon ; développez votre intelligence pour pouvoir comprendre les choses qui sont dignes d'amour sur cette terre » 7. L'observation de la vie des paysans qui l'entouraient lui apporta aussi une grande aide : la vie n'a-t-elle pas un sens pour eux, puisqu'ils ne se suicident pas mais vivent et meurent dans la paix, malgré des conditions d'existence souvent intolérables ? Les écoutant, il découvre alors qu'ils vivent selon Dieu et pour les autres. Ainsi se trouve confirmée son intuition que la foi est la réponse à la question qu'il ne pouvait ni esquiver ni résoudre. Il formule ainsi cette foi. « Je crois qu'existe Celui pour qui ma vie a un sens, et qu'il y a un sens à ma vie » (/11,1031).
Mais ce qui fonde surtout la foi de Tolstoï, c'est la redécouverte de la source même : l'enseignement du Christ, et particulièrement le Sermon sur la montagne. Comme il l'écrira plus tard à l'un de ses amis, évoquant cette période de quête morale et religieuse : « C'est au prix de recherches et de souffrances, et bien entendu par la grâce de Dieu essentiellement, que je suis parvenu à la source, je mourais et je suis revenu à la vie, c'est cette eau qui me fait vivre » (L 11,45). Sa vie change effectivement, après ce qu'il appellera sa « deuxième naissance », lorsqu'il lui apparaît, à la lecture de l'Evangile, que le sens de la vie humaine est l'enseignement du Christ et que la joie de la vie est de s'efforcer d'accomplir cet enseignement. Il comprend alors ce qu'il en est d'être chrétien. Il écrit dans son Journal que la vérité chrétienne s'était découverte à lui par la conscience de la fraternité et de ce qui l'en éloignait. Sa vie prend alors un tour tout à fait différent, ce qui ne fut pas sans créer des tensions importantes avec sa famille et son entourage. Car, pour Tolstoï, la foi ne peut se satisfaire de formules, ni se contenter de chercher, d'expliquer, mais elle doit « se mettre à l'épreuve faire passer ses idées dans sa vie car tant qu'on ne fait pas ce à quoi l'on croit, on ne sait pas si l'on y croit vraiment » (L II, 108).
A partir de sa conversion, toute son action — y compris sa création littéraire — est clairement orientée vers un but : faire la volonté de Dieu en réalisant l'union entre les hommes. C'est la venue du Royaume de Dieu dont la recherche seule « donne une joie vraie qui ne cesse pas mais grandit » (/111,64). Il reste très difficile de savoir par quels actes concrets passe l'accomplissement de la volonté de Dieu, et Tolstoï en arrive à penser que c'est simplement dans une attitude de douceur et d'humilité qu'elle peut se réaliser. Mais les signes qui, pour lui, indiquent cette direction sont clairs : une pleine liberté que rien ne trouble et la joie de la vie. Cette conviction lui fait écrire : « Qu'est ce que la volonté de Dieu ? en quoi consiste-t-elle ? en une vie joyeuse » (/1,1106).
Seulement, pour que cette volonté se réalise il faut écarter tous les obstacles qui s'opposent à l'union des hommes : mensonge hypocrisie, goût des richesses, du pouvoir et surtout la violence. Du Sermon sur la montagne, Tolstoï a retenu l'exigence d'instaurer la paix entre les hommes en ne résistant pas au mal par la violence. Il ne s'agit pas de laisser libre cours au mal, mais bien au contraire de le supprimer : « Seule la non-résistance interrompt le mal en l'absorbant en elle, le neutralise, ne lui permet pas d'aller plus loin comme il va inévitablement » (/ 11,658). D'où ses nombreuses prises de position contre la guerre et la peine de mort, contre les violences exercées pendant la révolution de 1905, contre les persécutions dont étaient victimes des Juifs ou des sectes chrétiennes. Dans un échange de lettres avec lui, Gandhi a reconnu l'influence des écrits de Tolstoï sur sa propre action de non-violence.
Pour briser les limites qui séparent les hommes, selon l'enseignement du Christ, Tolstoï croit qu'il faut aussi « désapprendre cette terrible ivresse de soi-même, de son "moi" » (/ 111,427). Mais dans la mesure où l'homme aspire à sortir de ses limites, l'amour lui en offre la possibilité. Il lui permet de résoudre la contradiction entre un égoïsme inévitable et la certitude que la félicité n'est possible qu'en dirigeant son activité vers le bonheur du prochain. L'amour commande de « rendre le souci de soi-même tel qu'il soit dirigé hors de soi-même ».
Alors que, dans la première étape de l'itinéraire de Tolstoï, la tension de sa volonté s'épuisait dans une multiplicité de règles qui lui montraient son impuissance, dans la deuxième, en revanche, une seule loi donne à sa vie toute son unité en la confirmant dans son dynamisme : faire la volonté de Dieu en réalisant l'union des hommes par l'amour. Tolstoï découvre alors que s'ouvre devant lui un champ illimité de croissance : dépasser les limites du moi séparé des autres, pour travailler comme instrument de Dieu à la création de la paix et de la beauté du monde. Tout dépend de l'orientation donnée à cette force d'accroissement qui est le principe de la vie. Comme le disait Tolstoï dans son langage concret : « Le propre de l'homme est d'aspirer à l'augmentation. Cela peut être l'augmentation de la quantité de roubles, de chevaux, l'augmentation des grades administratifs, des muscles, des connaissances, mais une seule augmentation est nécessaire : l'augmentation de la bonté » (/111,183).


L'identité de la personne


L'homme devient vraiment lui-même quand il s'engage dans ce mouvement de sortie de soi pour réaliser l'union entre les hommes, qui est la volonté de Dieu. Toute son oeuvre romanesque comme le Journal portent la marque de cette vision dynamique de l'existence Les personnages de ses romans, autant que lui-même, semblent obéir à ce conseil qu'il donnait à l'un de ses fils : « Tombe mille fois et relève- toi mille fois » (L 1,204). La possibilité de se renouveler, de se changer, en accueillant en soi les épreuves et les difficultés, est vraiment ce qui rend son oeuvre si profondément imprégnée d'espérance et qui a peut-être valu à Tolstoï le reproche injustifié de nier la souffrance.
Tous ses romans et récits peuvent en effet être compris comme l'illustration de cette surprenante capacité qu'a la vie de se transformer et de se renouveler. Cette transformation est l'aboutissement soudain d'un très long travail intérieur qui se fait par l'accueil d'événements perçus de façon très fugitive : des gestes, des paroles, des rencontres, la renaissance de la nature... L'écrivain Milan Kundera a remarqué que les personnages de Tolstoï trouvent leur véritable identité à ces moments de changement et que, dans ses romans, « l'homme est d'autant plus lui-même, il est d'autant plus individu qu'il a la force, la fantaisie, l'intelligence de se transformer ». Il évoque un « paysage de Tolstoï : le monde où des personnages, même dans les moments les plus cruels, gardent une liberté de décision qui donne à la vie cette heureuse incalculabilité qui est la source de la poésie » 8. Ainsi, même dans la limite des contraintes qui s'imposent à lui, il est toujours possible à l'homme de connaître cette rénovation de son monde intérieur, dans une fécondation réciproque entre la vie et l'univers.
Cette croyance en la capacité de renouvellement, qui donne à l'oeuvre littéraire de Tolstoï une marque particulière, est fondée sur la foi. Il avait un jour adressé à Dieu cette prière : « Eveille la résurrection en moi » (/ 11,664). C'est cette foi qui le portait quand il écrivait que « notre vie consiste en passages d'une vie à une autre, un éternel mouvement, une éternelle résurrection, une éternelle croissance » (/11,1038). Ces deux convictions fondamentales que sont l'accroissement de la vie et le mouvement illimité de l'amour lui font comprendre que la mort ne peut arrêter la vie, même si, en pensant à l'avance au moment de ce passage, on ne peut empêcher que le cœur défaille. Ainsi, appuyé sur cette confiance en Dieu dont il vient et vers lequel il retourne, lui qui avait ressenti avec tant d'effroi la mort comme fin révoltante de cette existence s'en approche avec paix. Après avoir traversé en 1901 — neuf ans avant sa mort — une très grave maladie, il écrivait à un ami : « La faiblesse physique est générale. Mais je sens la vie devenir de plus en plus belle, et non seulement la mort ne rompra pas cette beauté, mais elle la perfectionnera encore. » Tolstoï laisse entrevoir ce mystère dans les dernières lignes de La mort d'Ivan Ilitch : « Au lieu de la mort, il voyait la lumière. »



1. Vie de Tolstoï, Hachette, 1922, pp. 1-2
2. Thaïs S. Lindstrom, Tolstoï en France, Institut d'études slaves, 1952, p 154.
3. Michel Hofmann et Alain Pierre, La vie de Tolstoï, Gallimard, 1934, p 247
4. Cité par Nina Gourfïnkel, Tolstoï sans tolsunsme, Seuil, 1946, p 176
5. Cf Journaux et carnets, Gallimard, coll « La Pléiade », 3 vol (1979-1985) Désormais / suivi du tome correspondant et de la page.
6. Confession, Pygmalion, 1998, pp 31-34
7. Lettres, Gallimard, 1986, coll « La Pléiade », vol I, pp 94-95 Désormais I suivi du tome correspondant et de la page
8. Les testaments trahis, Gallimard, 1993, pp 258 et 264