Chaque matin, j'aperçois sur l'établi des pierres, du bois et de l'or qui semblent eux aussi sortir de leur sommeil. Ils attendent ce jour qui vient. Nous nous retrouvons et commence alors une véritable conversation. Ma main vient à leur rencontre et reçoit ce qu'ils souhaitent livrer d'eux-mêmes. Loin de tenter de dominer cette matière, je cherche à l'apprivoiser, à entrer en amitié avec elle, afin de lui donner la parole et qu'elle puisse exprimer le plus beau d'elle-même.

J'utilise des matériaux naturels, de valeurs diverses. Chaque morceau, grand ou petit, est unique et trouve sa place dans un ensemble. Le dialogue qui s'instaure entre chacun d'eux leur permet non seulement d'être pleinement eux-mêmes, mais aussi de s'embellir réciproquement. Lorsque chacun est à sa place dans un juste rapport avec les autres, l'unité se dégage de l'ensemble, s'offrant en un paysage cohérent et unifié.

C'est en ayant travaillé dans l'ébénisterie puis dans la mosaïque que j'ai peu à peu développé ce langage propre. C'est aussi en embrassant la vie monastique, il y a une vingtaine d'années.

Mon travail y trouve son origine et son sens. Il est l'image de nos vies traversées de creux et de hauteurs, d'opacité et de lumière, de brisures devenant ouvertures. Il est une invitation et un encouragement à laisser des morceaux épars et divisés devenir amis et confidents. Il est l'écho d'une recherche et d'un chemin personnels qui traversent chacune de nos existences : laisser nos vies s'unifier, rechercher la paix du cœur, avancer avec espérance.