Prés. D. Millet-Gérard. Ad Solem, 2002, 79 p., 20 €.
Ce livret, postface que Balthasar donna à sa traduction allemande du Soulier publiée en 1939, est à classer à Balthasar plutôt qu'à Claudel. Après l'exhaustive et éclairante présentation de Dominique Millet-Gérard, on goûtera la virtuosité théologienne de cette admirable lecture, qui se déploie, telle une sonate, en quatre mouvements : l'horizon, l'amour, le monde, l'amour et le monde — première esquisse de l'esthétique théologique qui trouvera son accomplissement dans La Gloire et la Croix.On se demande cependant si ces pages qui déplorent « la fragmentation du monde moderne et sa prétentieuse autosuffisance » et dénoncent aussi bien « l'avènement du discours critique » que « la complaisance au laid », ont réellement pris la mesure de la crise culturelle et religieuse de la modernité, endeuillée par l'absence de Dieu si prégnante dans L'Otage : radicalité ascétique qu'érode, dans le Soulier, l'émergence de l'« éros métaphysique », indispensable au déploiement de l'amour