
L’évangile de Jean nous donne une image très forte de cette disponibilité spirituelle qui fonde toute mission d’Eglise dans l’amour du Christ. Après avoir éprouvé par trois fois l’amour de Pierre à son égard, Jésus ressuscité dit à Pierre «… mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, un autre te mettras la ceinture et te mèneras où tu ne voudras pas » (v .19). Puis, de nouveau à Pierre qui désigne Jean et s’inquiète de son avenir, Jésus dit « Si je désire qu’il vive jusqu’à mon retour, que t’importe ? Toi, suis-moi ! » (v. 22). Les missions, les ministères, les manières de suivre le Christ sont divers, hier comme aujourd’hui. Celle de Pierre n’est pas celle de Jean, et celle de Jean-Paul II n’est pas celle de Benoît XVI. Mais l’une comme l’autre naissent d’un même amour du Christ qui fonde dans des démarches différentes un même renoncement à soi-même pour une liberté plus ferme et un service plus grand de l’Eglise.
Le renoncement à soi peut être l’enjeu d’un combat, apparaître parfois au-dessus de nos forces, mais il est porté par l’amour qui lui donne son dynamisme et sa fécondité. C’est pourquoi il rend profondément libre à l’égard des pressions multiples, qu’elles viennent des autres ou qu’elles nous encombrent intérieurement. Loin d’être une sorte de négation, voire de fuite, de soi-même, renoncer à soi c’est se laisser appeler toujours plus avant par le Seigneur. A l’image de Jean-Baptiste qui témoigne « Je ne suis pas le Messie » (Jn 1, 19), c’est renoncer à être celui que je ne suis pas, pour mieux être celui que le Christ me donne de devenir.
En accueillant ainsi ce nouvel appel du Maître et Seigneur, c’est toute l’Eglise que Benoît XVI ouvre au souffle de l’Esprit qui la veut toujours plus attentive aux « signes des temps », comme le Christ lui-même.