C’est toujours un moment d'émotion simple lorsque, par une belle nuit d'été, sous un ciel sans nuages et sans lune, nous pouvons contempler les millions d'étoiles en pensant au regard d'Abraham. « Le Seigneur conduisit Abraham dehors. Il lui dit : "Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer" » (Gn 15,5). Les étoiles sont toujours là. La promesse a été tenue. Dans la foi, nous en sommes les bénéficiaires : « Telle sera ta postérité ! »
D'ailleurs, la réalité a dépassé la promesse. Issu de la terre, c'est en même temps du ciel qu'est venu le Royaume : « En Christ, toutes les promesses de Dieu ont dit leur "oui" » (2 Co 1,20). C'est en Lui que sont advenus les deux nouveaux et la nouvelle terre. C'est lui le temple de l'Alliance nouvelle. « Après la loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jn 1,17). Il a accompli la loi et la promesse.


ENTRE DÉJÀ LÀ ET PAS ENCORE


Tout au long des textes que sont « la loi, les prophètes et les psaumes », on discerne bien cette lente progression vers la venue du Royaume qui sera inauguré


« C'est dans la foi qu'ils sont tous morts sans avoir connu la réalisation des promesses ; mais ils l'avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c'est montrer clairement qu'on est à la recherche d'une patrie... En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des deux. Et Dieu n'a pas refusé d'être invoqué comme leur Dieu, puisqu'il leur a préparé une cité céleste » (11,13-14.16).


Cette cité céleste est le Royaume de Dieu. En Christ, c'est l'avènement de ce royaume qui se réalise : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche » (Me 1,5). Le Royaume que le peuple de Dieu attendait : « Le voici. Il est là parmi vous » (Le 17,21). Le Christ le révèle par sa présence même. C'est l'inattendu du mystère de l'Incarnation. Ce qui est paradoxal, c'est que s'il est vraiment là, déjà là, il est encore à venir. Même au coeur de l'Alliance nouvelle, la promesse réalisée sera toujours en tension ou en devenir. Saint Augustin l'a exprimé d'une façon si juste qu'elle rejoint toujours nos propres expériences : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos jusqu'à ce qu'il se repose en toi » 1.
« Grain de sénevé », ce Royaume est en germe. Il n'est pas encore réalisé en plénitude II le sera lorsque « tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal (...) Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous » (1 Co 15,24.28). Toutes les paraboles sur le Royaume ne font qu'exprimer l'impossibilité de saisir et d'enfermer la compréhension du Royaume. Les disciples aimeraient des réponses claires et en quelque sorte définitives : « Dis-le-nous clairement ! » Et Jésus reprend ses paraboles : « Eh bien ! C'est comme un homme qui a semé du bon grain dans son champ... C'est comme un négociant qui recherche des perles fines... C'est comme du levain qu'une femme enfouit dans trois mesures de farine.. »
De la même manière, Jésus est toujours questionnement dans sa pédagogie. C'est très intéressant de remarquer toutes les phrases interrogatives que Jésus a pu prononcer. « Quel est le plus facile de dire ? » « N'avez-vous jamais vu ce que fit David ?» « Qui sont ma mère et mes frères ?» « Pour vous, qui suis-je ?» Il restera toujours question devant toutes les trop bonnes réponses. Saint Paul l'exprimait avec justesse et force : « On n'enchaîne pas la Parole de Dieu » (2 Tm 2,9). Autrement dit, même si en Christ nous accueillons la plénitude de la promesse, nous comprenons qu'il restera toujours « Chemin » dans la découverte de la « Vérité » et de la « Vie ».


EGLISE ET ROYAUME


C'est à l'Eglise que le Christ ressuscité a confié le Royaume. L'Eglise n'est pas le Royaume, mais elle a « reçu mission de l'annoncer et de l'instaurer en toutes les nations... Elle en forme le germe et le commencement sur la terre » 2. Ce qui la constitue, c'est d'être tout à la fois le Peuple gardien et témoin de la promesse.
Lors du discours sur la montagne, la foule est aux pieds de Jésus, attentive (Mt 5,1). C'est une foule de pauvres gens : ils sont essoufflés par la vie, à bout de souffle (« pauvres quant au souffle », s'il fallait traduire littéralement). Et Jésus leur dit : « Réjouissez-vous, c'est arrivé, le Royaume des deux est à vous !» « La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Le 4,18). La promesse est tenue. Vous êtes sauvés. C'est la grande responsabilité de l'Eglise que de proposer cette Bonne Nouvelle à la société actuelle. L'Eglise n'a pas à se faire centre. Comme l'exprime si bien le début de la Constitution dogmatique sur l'Eglise, « l'Eglise est dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité du genre humain ». Le comble pour un signe est de devenir insignifiant. Et il le devient lorsqu'il ne renvoie plus qu'à lui-même
Née d'une promesse, habitée par le Souffle saint, l'Eglise tend vers sa pleine réalisation. Le plus réel de la vie de l'Eglise est invisible. Il s'ouvre toujours à la surprise créatrice de l'Esprit : « Tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va » (Jn 3,8). Invité à toujours prendre la route, le Peuple de Dieu ne pourra jamais s'installer nulle part. Le Fils de l'Homme lui-même n'avait où reposer la tête. Ce sera toujours « la dynamique du provisoire ». Si les gens du voyage sont les fils du vent, tous les chrétiens sont appelés à le devenir. Et dire que l'Eglise doit se décentrer d'elle-même, pour être elle-même, l'invite à une permanente exigence créatrice dans le souci de la justesse de sa visibilité. Il s'agit là d'un continuel travail d'évaluation de son fonctionnement pour l'ajuster à la mission qui lui est confiée.
« Le mystère de l'Eglise sainte se manifeste en sa fondation » 3. Bien établie ou instituée sur les Douze Apôtres, qui ont vite pris la fuite lorsque « l'heure de Jésus » fut venue, l'Eglise a été recréée dans la force de l'Esprit de Pentecôte. L'institution est essentiellement charismatique. Celle qui a pour mission de porter la promesse ne peut être que disponibilité au Souffle qui lui donne de donner la Vie. En ce sens, Marie, la mère de Jésus, est modèle de l'Eglise Dans la grâce de l'Incarnation, elle prenait rapidement la route pour visiter sa cousine. En digne fille d'Abraham, sa vie n'a été que marche vers « le pays que Dieu lui montrerait ». D'ailleurs, comme le soulignait Grégoire de Nysse, « c'est parce qu'il ne savait pas où il allait qu'Abraham était sur le bon chemin ».
Des observateurs rapides se demandent parfois si l'Eglise n'aurait pas vécu son temps : quelques signes de faiblesse ici ou là, une moindre audience, une critique dans les médias ou un message qui tombe à plat favorisent vite une certaine disqualification. Cependant, les chrétiens croient en l'Eglise et ils l'aiment. Simplement, peut-être, parce que Jésus l'a voulue et aimée : il s'est livré pour elle (Ep 5,25). Ils reconnaissent confusément que sur elle, et donc sur eux, repose, en quelque sorte l'espérance du monde. En elle et par elle, ils attestent qu'ils sont les dépositaires et les témoins d'une histoire sainte. Cette histoire a un sens. Elle tend vers un accomplissement. C'est justement l'histoire de la promesse réalisée au coeur de leur propre histoire, miracle de leurs mains vides... Est-ce si sûr qu'un monde désorienté, parce que sans boussole, ne serait pas attentif à ces porteurs d'espérance, qui, au coeur de leur pauvreté, témoignent de la lumière ?


APPELS POUR L'EGLISE


Si telle est la condition de l'Eglise, gardienne et témoin de la promesse, il nous faut bien essayer de discerner les appels que le Seigneur lui envoie pour devenir ce qu'elle est. Nous les trouvons assez bien évoqués dans la mission des soixante-douze disciples telle que saint Luc nous la rapporte (10,1s). Il s'agit bien d'un envoi pour une marche.


Deux par deux


Si l'objet de la promesse est un Royaume où règne l'amour, puisque « Dieu est Amour », il est essentiel que l'unité de l'Eglise soit un objectif essentiel et permanent dans la mission qui lui est confiée Unité à réaliser au sein même de la communauté catholique aussi bien que dans sa relation aux autres communautés chrétiennes. L'oecuménisme ne peut être matière à option. Par essence, l'Eglise est sacrement de la communion des hommes avec Dieu et des hommes entre eux, si bien que toute initiative pastorale doit toujours prendre en compte la recherche de l'unité. « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35).
L'une des préoccupations majeures d'un responsable d'Eglise sera de servir l'unité de ceux que le Seigneur lui a confiés. Elle n'est pas uniformité et n'évite pas conflits ou tensions, mais il est sûr que si la mission ne se réalise pas dans la communion, grâce à de patients et tenaces dialogues, ce n'est pas la peine de la poursuivre. Le mouvement oecuménique est né de cette intuition-là. Il se vit à des dimensions universelles aussi bien qu'au coeur des Eglises particulières. C'est le même dynamisme qui préside à la constitution de nouvelles structures diocésaines et paroissiales pour l'Eglise de France Sans doute, la diminution du nombre des prêtres a précipité le mouvement, mais l'intuition de départ désirait manifester que c'est à l'ensemble du Peuple de Dieu de signifier l'Eglise dans sa diversité. C'était tout simplement mettre en oeuvre l'ecclésiologie inhérente à la Constitution dogmatique Lumen Gentium qui donne toute sa place au Peuple de Dieu.
Lorsque des Equipes d'Animation Paroissiale se mettent en place ici ou là, quelle que soit leur appellation, c'est bien l'Eglise qui, dans la grâce de Dieu, réalise ce qu'elle désire signifier : une communauté rassemblée par la Parole de Dieu qui l'évangélise en même temps qu'elle l'annonce, ouverte à la solidarité et nourrie de la vie sacramentelle. Les structures d'une Eglise particulière, dans la mobilité même des membres qui la composent en se renouvelant régulièrement, signifient bien qu'il s'agit de vivre aussi bien dans la durée que dans le changement. Le Peuple de la promesse, qui se constitue ainsi en peuple organisé, ne veut être que service et mobilité.


Devant lui


Le Peuple de la promesse est témoin d'un Autre qui doit venir. Cela signifie que ceux qui en font partie savent qu'ils ne travaillent pas pour eux-mêmes, mais, à l'instar de Jean-Baptiste, « pour préparer le chemin ». Il s'agit là d'une grande conversion dans les mentalités. Là encore, les difficultés actuelles de l'Eglise l'obligent bien à revoir son fonctionnement pour mieux correspondre à ce qu'elle doit être. La tentation d'une Eglise installée réside dans le souci de sa propre organisation au détriment de sa mission : les rouages fonctionnent bien ; lorsqu'ils deviennent défectueux, on se préoccupe de les remplacer coûte que coûte. Mais est-ce nécessairement cela qu'il faut faire ? Un certain vide ou un certain manque font davantage désirer Celui qui peut seul combler la véritable soif. Il ne s'agit plus de faire tourner des mécanismes mais de permettre les espaces et les temps qui nourriront les véritables attentes.
Ce n'est que lorsque l'expérience de la misère réelle de ce que nous sommes est entrée en nos vies que l'on peut se laisser combler par la présence de celui qui nous a enrichis parce qu'il a traversé nos propres pauvretés. A ce moment-là, et à ce moment-là seulement, nos coeurs deviennent prêts à recevoir le fruit de la promesse qui devient semence pour d'autres moissons.
Me revient souvent à l'esprit ce passage de Jean Sulivan : « Rien d'étonnant que des hommes formés aux méthodes expérimentales, aux formes nues, au langage direct, se détournent quand ils entendent feu et ne voient qu'un tas de bois, source et qu'ils ne voient que le bénitier, grâce et qu'il n'y a pas de joie » 4.


Dans toutes les villes et localités


Le Peuple gardien et témoin de la promesse ne peut se fixer de frontières, parce que celui qui l'a envoyé ne lui en a fixé aucune : « Allez, de toutes les nations faites des disciples... » Et l'on pourrait poursuivre : « ... de toutes les cultures, de tous les âges et de tous les milieux. » Il suffit d'ouvrir l'Evangile et d'admirer la liberté d'allure du Christ. Il s'est approché de toutes les pauvretés du monde, celles du corps et celles du coeur. C'est pour cela qu'il est venu, le « Sauveur du monde ». L'Eglise a encore un immense travail à réaliser dans sa façon d'être, de se situer ou de parler, pour être témoin d'une promesse de bonheur, celle-là même qui a retenti sur le mont des Béatitudes. Etre gardien de la promesse ne signifie pas du tout qu'il faille la garder pour soi. Nous n'avons pas plus à craindre les grands espaces que les bas-fonds.
Nous avons les « promesses de la vie éternelle ». Avons-nous jamais réfléchi à la beauté et à la force de cette expression ? Nous sommes les dépositaires d'une promesse de vie pour le bonheur de l'humanité. Cela ne vient pas de nous. C'est un feu qu'il est venu allumer. Il désirerait vraiment qu'il brûle. On se souvient de ce qu'écrivait François Mauriac : « Si vous êtes ami du Christ, plusieurs se réchaufferont à ce feu, prendront leur part de cette lumière. Et le jour où vous ne brûlerez plus d'amour, beaucoup d'autres mourront de foi. » Forts de cette promesse, nous sommes en quelque sorte responsables de la qualité du bonheur du monde.


Comme des agneaux au milieu des loups


Il ne s'agira donc pas de hurler avec les loups, mais de rester agneau au milieu d'eux. Comme l'« Agneau véritable » qui a aimé jusqu'au bout, préférant être tué que tuer. Les témoins qui gardent la promesse ne pourront jamais la transmettre en utilisant les moyens des loups. Ce sera toujours le « miracle des mains vides ». Nous ne pourrons jamais annoncer qu'un Messie, Jésus, et un Messie crucifié. Si l'on veut bien prendre le temps de regarder les routes des hommes, on s'apercevra vite que la plupart sont des chemins de croix. Les loups qui sortent des bois et qui ont pour noms « argent », « égoïsme » et « fanatisme » font des ravages. Les événements dramatiques de ce début de siècle en sont le signe La promesse, aussi fragile que la petite espérance restera promesse de bonheur dans la fidélité à celui qui la maintient dans sa force. C'est pour une « petite servante » qu'il fit de grandes choses.


N'emportez rien pour la route


C'est sans doute le secret du peuple qui ne veut porter que le bonheur. Ne pas être encombré. Il faut toujours désensabler la source. Beaucoup trop d'alluvions de toute sorte ne cessent de s'y accumuler. C'est de l'intérieur, « du coeur, que doivent jaillir les fleuves d'eau vive » dans l'effervescence de l'Esprit (Jn 7,38-39). N'en aurait-on pas trop ajouté à l'extérieur ? C'est la simplicité et le silence qui conduisent au mystère
Les prophètes de bonheur ne peuvent être que des troupes légères « sans argent, ni sac, ni sandales ». Ils ne s'attardent pas en mondanités ou en conversations de salon, puisqu'il s'agit de prendre part à un combat. Il s'agit véritablement d'un combat spirituel. Les encouragements de Paul paraissent si actuels : « Ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants (...) Mettons la cuirasse de la foi et de l'amour et le casque de l'espérance du salut » (1 th 5,6.8) Pour être gardienne et témoin de la promesse sur le chemin des pauvres, l'Eglise doit vraiment être, à la suite du Christ, une Eglise de pauvres. Un espace d'écoute et d'attention pour une véritable compassion. « Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent les choses toutes faites chez les marchands, Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis », soupire toujours le renard au Petit Prince
Ici, je pense aux personnes d'un certain âge. Elles sont encore nombreuses dans le Peuple de la promesse. Elles parviennent au terme de leur parcours sur la terre. Ce sont des femmes au visage d'Anne, des prêtres aux traits de Siméon, des Eléazar « dignes de leur vieillesse et de leurs cheveux blancs » (2 m 6,23). A la suite de Paul, ils pourraient écrire à leurs petits-enfants ou petits-neveux et nièces : « Je me suis bien battu, j'ai tenu jusqu'au bout de la course, je suis resté fidèle » (2 Tm 4,7). Il me semble qu'il y a là une immense réserve de tendresse qui n'est pas assez employée pour servir le bonheur du monde. Bien sûr, beaucoup se racontent. Cela leur donne l'impression d'exister encore. Mais certains aussi écoutent. Et là, des miracles se produisent. Leur écoute affectueuse est toute chargée de l'intelligence de leur propre expérience. Le proverbe africain est si juste : « Le vieillard assis voit plus loin que le jeune debout ! »
« Priez le Maître de la moisson afin qu'il envoie des ouvriers à sa moisson. » Le semeur est sorti pour semer. Tant bien que mal, la terre a donné du fruit. Quel gâchis s'il n'y avait personne pour la récolte ! Dans le coeur des hommes, l'Esprit est à l'oeuvre D'une façon que Dieu connaît. Les énergies de l'Amour surgissent de toute part Les témoins de la promesse sont appelés à être au service de la moisson. Ils savent où l'on peut engranger tous les fruits d'amour, de joie et de paix. Sinon, tout va pourrir et devenir germe de haines, de tristesses, de violences et de guerres.
Les vocations dans l'Eglise, dans leur diversité, sont chance et promesse de bonheur pour le monde. Dans la douceur ou l'âpreté d'un cloître, en passant par les joies ou les difficultés d'une vie de couple et la solitude ou la vie foisonnante d'un presbytère, ils sont là, les témoins et les gardiens de la promesse Ce sont toujours des visages. L'Eglise est visage. Dernièrement, lors d'une confirmation, une jeune lançait comme un cri : « Il ne suffit pas d'exister, il faut vivre ! » Dans les rouages d'un monde économique et politique, complexe et diversifié, les sincérités successives, que provoque la loi des profits aveugles, n'offrent pas toujours aux jeunes qui se lancent dans la vie des chemins d'avenir.
Sous les étoiles, Abraham priait. Il gardait la promesse en son coeur. Sa prière pouvait être : « Que ton nom soit sanctifié... Que ton règne vienne... Que ta volonté se fasse… » C'était le début de la longue marche d'un peuple qui, avec ses ombres et ses lumières, ses pesanteurs et ses grâces, ne cessera de s'appuyer sur la fidélité de Celui qui a promis qu'il serait « avec lui tous les jours jusqu'à la fin du monde ». Il y a toujours des temps nouveaux pour l'Evangile Par les temps qui courent, c'est vraiment une promesse de vie pour le monde. Espérer sera toujours croire à l'amour.



1. Confessions 1,1
2. Lumen Gentium, 5.
3. Ibidem.
4. Mais il y a la mer, Gallimard, 1964, p 180