Se fondant sur l'Écriture, l'Église dépeint la révélation de Dieu à l'humanité sur le registre de l'entretien amical. Cependant, dans la Bible, Dieu ne parle pas de manière explicite. Il nous revient alors d'interpréter et de respecter les médiations par lesquelles il s'adresse à nous. Adopter le style conversationnel de Dieu dans nos relations humaines est une autre tâche qui nous incombe.

Dans la constitution Dei Verbum, le concile Vatican II parle de la révélation de Dieu à l'humanité sur le registre de l'entretien amical : « Par cette révélation, le Dieu invisible s'adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis (Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15), il s'entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie1. »

La référence d'Exode 33, 11 renvoie au dialogue de Dieu avec Moïse, « comme un ami parle à son ami », et, dans Jean 15, 14-15, le Christ appelle ses disciples « amis » et non plus « serviteurs ». La métaphore de l'amitié est celle choisie par le Concile pour dire la relation entre Dieu et l'humanité. Elle est biblique, comme ces références l'ont rappelé. Il existe deux autres métaphores bibliques pour dire cette relation : la métaphore nuptiale et celle de la relation entre parents et enfants. La métaphore de l'amitié introduit à une relation plus tranquille que les deux autres ; elle suppose une certaine distance, ainsi que du désintéressement. Indépendamment des liens du sang ou des liens sexuels, la relation d'amitié se développe dans la confiance mutuelle. Elle se nourrit d'échanges.

Mais gardons-nous d'avoir une vision trop idyllique et irénique de cet entretien amical de Dieu avec l'humanité que nous présente Vatican II. Difficile d'occulter ce qui apparaît souvent comme l'absence de Dieu : où est-il ? Pourquoi ne répond-il pas ? Ou bien n'est-ce pas nous-mêmes qui parlons tout seuls, en croyant parler à Dieu ? Et quand surviennent des événements douloureux et difficilement assimilables, comme la révélation des abus sexuels dans