Le respect, cela semble aller de soi dans les religions. Le « Principe et Fondement » des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola ne commence-t-il pas par : « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur… » ? Et en islam, le respect de Dieu tient une très grande place ; car les musulmans ont une conscience très aiguë de la transcendance divine.
Mais du respect de qui parle-t-on ? Respect de Dieu, d’accord. Qu’en est-il du respect de l’être humain ? Dans la foi chrétienne les deux commandements de l’amour sont semblables : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Peut-on dire autant pour le respect ? Respecter Dieu implique sans doute de respecter l’être humain ; il semble, en première approximation, que les monothéismes s’accordent là-dessus. Cependant, est-ce bien la réalité de ce qui est vécu ? Et de quel être humain parle-t-on ? De celui qui a la même religion que moi, ou, dans une perspective universelle, de toute personne ?
Nous commencerons par réfléchir à nos manières de traiter l’autre, pour discerner peu à peu ce qu’elles révèlent de nos manières de respecter Dieu.
 
 

Comment parler de l’autre ?

 
 
Une première manière de porter cette question est de prêter attention à nos paroles : que disent-elles de l’autre ? La manière de parler d’une personne ou d’un groupe de personnes peut être un acte de guerre ou de paix, une attitude de mépris ou d’ouverture à l’autre ; elle peut être respectueuse ou dépréciative. Comment parlons-nous de nos voisins juifs, musulmans, bouddhistes, athées… ? L’impact sociétal des paroles prononcées a été pris au sérieux en octobre 2014 par un grand nombre de personnalités de diverses religions et convictions, signataires d’un Appel, proclamé à Lyon, place Bellecour, un appel qui comprenait une série d’engagements concrets :
« Nous, diacres, évêques, imams, muftis, prédicateurs laïcs, pasteurs, prêtres, rabbins, nous nous engageons à travers nos prédications à promouvoir le respect de l’autre croyant et à inviter nos fidèles à être des