Cerf, coll. « L’histoire à vif », 2009, 270 p., 20 euros.
 

Un livre audacieux et courageux. Comment comprendre le développement d’une maturation affective chez ceux et celles qui ont voué à Dieu leur célibat ? En quoi ce choix, tributaire des relations humaines et de leurs conditionnements, peut-il cependant devenir une réponse authentique à l’appel de Dieu ? C’est à travers les récits de vie de prêtres, religieuses et moniales, que Nicole Jeammet, enseignante en psychopathologie, professeur au Centre Sèvres, poursuit ici sa quête engagée dans de nombreux ouvrages. Récits de vocations traversant les aléas d’une vie sexuelle et affective parfois protégée, parfois chaotique, marquée par l’époque ! Pari gagné, même s’il est permis de rester hésitant devant telle interprétation d’un récit limité à un seul entretien. S’appuyant sur les analyses de Winnicott concernant l’« espace transitionnel », l’auteur s’attache à montrer comment la solitude affective, si elle court le risque d’un enfermement livré à des compensations névrotiques, peut devenir cet espace intérieur ouvert où se nourrissent mutuellement confiance en les autres, confiance en soi et foi en Dieu. Outre de très belles pages sur la construction des liens et la croissance de la maturité affective, on trouvera ici des analyses propres à éclairer ce qu’on appelle le discernement des vocations, et plus largement l’accompagnement des personnes dans le difficile chemin de la maturité affective, de ses impasses comme de ses issues propices à une authentique vie spirituelle.