Jésus appelle Nicodème au travail de la nouvelle naissance, la naissance qui vient d'en haut, celle que Dieu nous donne gratuitement : « À moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le royaume de Dieu » (Jn 3,31). Nicodème l'entend de façon humaine, il imagine une seconde naissance, comme si l'homme devait sortir encore une fois du sein maternel pour recommencer sa vie. Et voici que le risque de l'illusion émerge. L'illusion n'est pas volontaire, elle n'est donc pas de l'ordre du mensonge ou du péché. Elle est l'intervention instante de notre désir qui tend à s'imposer dans notre approche de la réalité. Faillibilité de notre intelligence, menace sur notre volonté, l'illusion est le jeu contrasté des ombres et des lumières qui enveloppe notre discernement de la parole de Dieu et le cheminement de notre adhésion dans la foi.

La découverte de la vérité dans la vie spirituelle demande une traversée qui est l'école de la pure espérance. Entre la parole que Jésus nous adresse et notre interprétation juste, un monde peut se déployer de par la résonance en nous de la parole entendue. Ce monde que l'on pourrait appeler un « espace transitionnel » est l'ensemble foisonnant et contrasté de nos attentes et de nos craintes. C'est toute la construction rationnelle et pratique par laquelle nous essayons de déchiffrer et d'assumer notre présence au monde, c'est l'ensemble du savoir et de la culture par le déploiement de l'imaginaire social et individuel.

L'espace transitionnel

Le risque d'illusion le plus habituel est de ne pas faire attention à la promesse de Dieu ou de la rétrécir aux dimensions de notre expérience quotidienne. L'espace transitionnel nous permet de passer graduellement de notre monde imaginaire personnel à la réalité qui se donne à nous. C'est la traversée de notre vie dans la foi en quête de l'accomplissement en Jésus Seigneur, Alpha et Oméga, le Premier et le Dernier, l'Homme parfait.

L'imaginaire, un risque à courir

Entre la parole de Dieu et nous-mêmes, un travail se présente donc à nous pour nous ouvrir au don de Dieu lui-même en sa plénitude. Notre vie filiale est