L’examen de conscience a mauvaise presse. L’expression elle-même souffre d’un relent de culpabilité qui nourrit davantage la crainte que l’amour. C’est pourquoi on l’abandonne d’autant plus facilement que, dans l’atmosphère du temps, la culpabilité est devenue une maladie honteuse : « Responsables, mais pas coupables ! » Fénelon mettait déjà en garde contre ces retours sur soi-même qui ne font que décourager : « Quand vous vous grondez sur vos misères, je ne vois dans votre conseil que vous seul avec vous-même. Pauvre conseil, où Dieu n’est pas ! » Et avant lui, François de Sales disait qu’on ne saurait faire meilleur usage de la douceur que de se l’appliquer à soi-même, et il dénonçait cette déplaisance aigre et chagrine par laquelle, s’étant mis en colère, on se courrouce de s’être courroucé, on se dépite de s’être dépité et, pour tout dire, on se décourage de s’être découragé.
Pourtant, il n’est pas de maître spirituel qui n’ait considéré l’examen de conscience comme indispensable au progrès de la vie chrétienne, à la purification du coeur et à la conduite du Saint Esprit. C’est ainsi que saint Ignace propose dans les Exercices plusieurs manières d’examiner ses pensées, ses paroles, ses actions, l’usage des cinq sens, la pratique des commandements de Dieu. Et il avait coutume de dire que si le rythme de la vie