Pour les chrétiens, il est usuel de faire remonter la direction spirituelle et l'obéissance à un père spirituel aux Pères du Désert. Il serait plus juste de commencer par s'ouvrir à ce qui se vivait hors du monde judéo-chrétien. L'antiquité gréco-romaine n'ignore ni la méditation ni l'examen de conscience, qui faisaient partie du règlement des pythagoriciens 1 et auxquels on pourrait rattacher les exhortations morales. Pour Socrate, la sagesse contemplative est une fin digne d'être recherchée pour elle-même. La volonté d'enseigner et de faire progresser se trouve chez Épicure, Plutarque, Sénèque, Marc-Aurèle, pour ne citer que les plus importants des stoïciens. Socrate n'a jamais prétendu enseigner, mais il voulait être utile, faire du bien. Le sens des vraies valeurs, ce primat de l'âme et du bien propre, la préoccupation impérieuse du progrès moral, voilà ce que Socrate veut avant tout inculquer à ses disciples.
La direction spirituelle, chez les chrétiens orientaux, sera proche de cette position d'enseignement de maître à disciples. Même si elle a connu des acceptions plus larges (conférences et autres enseignements), il faut réserver son emploi aux relations individuelles entre un maître et un disciple désireux de profiter de sa science et de son expérience.
Le vocabulaire a évolué. On a utilisé le terme de père, de père spirituel, de maître {didascalos) avec le double sens de celui qui enseigne et de celui qui a autorité. Le Dictionnaire de spiritualité cite une dizaine de ces noms. Le seul qui désigne tout et met en relief l'essentiel est celui de père, avec ou sans le qualificatif de spirituel. L'époque moderne a employé le terme de directeur spirituel avec son corrélatif de dirigé. Dans l'Église d'Occident, les directoires de vie spirituelle n'ont pas manqué, donnant des lignes de