Fabricants ingénieux et besogneux d’un monde d’objets techniques de plus en plus sophistiqués, navigateurs infatigables ou naufragés éperdus dans les flots de l’informatique, que savons-nous encore des mers réelles ? Avons-nous encore le regard assez vierge pour percevoir, en amont des choses, l’air et le vent, l’espace ouvert sans limites, la conjonction secrète du ciel et de l’eau, au plus loin de l’horizon ? Avons-nous encore l’ouïe assez fine pour entendre, au creux d’un coquillage, bruisser l’océan ?
Nos pères dans la foi savaient voir et écouter. Il suffit d’ouvrir une Bible pour s’en assurer. Inversement, peut-être nous faut-il, pour accueillir aujourd’hui la Parole, réapprendre la mer au ras de la plus sensible perception : regarder le sable et le rocher, le ciel et le nuage, nous laisser prendre à corps perdu au jeu des vagues et de la plage, de la houle et du vent, et nous offrir à visage découvert aux embruns du large. Alors, en parlant son simple langage à chacun de nos sens, la mer nous parlera du temps de Dieu et de celui de l’homme, du désir de Dieu et de celui de l’homme. De notre vocation d’être créé, appelé, sanctifié. Écoutons-la.


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Pour les anciens, le monde est tripartite : il y a la terre et le ciel, œuvres du premier jour de la Création, puis la mer, née des eaux primordiales sur lesquelles plane le souffle divin et qui reçoit de son Créateur, au troisième jour, son nom de « mer ». Cette tripartition, que rassemble une même