Le supérieur de la Compagnie de Jésus, Arturo Sosa, explicite la vision de son ordre, du lien de celui-ci avec l’Église et de la mission ecclésiale à laquelle il désire que les jésuites collaborent le mieux possible.

 

Alors que le pape Jean XXIII présidait la première session du concile Vatican II, je commençais ma deuxième année d’école secondaire et je participais aux activités de jeunesse du collège San Ignacio à Caracas. Quand le Concile fut conclu par Paul VI, le 8 décembre 1965, je demandai à entrer au noviciat de la Compagnie de Jésus, qui avait élu quelques mois auparavant (le 22 mai 1965) le père Pedro Arrupe comme préposé général. C’est au cours des années du Concile que ma vocation a mûri au sein de la Compagnie. La lecture du livre de Giovanni (ou Gianni) La Bella sur les jésuites de Vatican II à nos jours1 m’a fait revivre avec émotion cinquante-sept ans de mon histoire personnelle. Et, en même temps, je me retrouve nommé au chapitre VI du livre comme successeur des protagonistes de cette histoire (Pedro Arrupe, Peter-Hans Kolvenbach et Adolfo Nicolás), face à un moment de transformations complexes dans l’histoire de la Compagnie de Jésus, ma famille religieuse, et de l’Église sous la responsabilité de trois saints papes (Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul II) et deux encore vivants (Benoît XVI, émérite, et François, en pleine activité).

Écrire sur l’histoire n’est jamais facile. En plus d’une bonne formation universitaire, elle exige la capacité de savoir trouver les sources pertinentes, la patience pour comprendre le processus dont s’approche l’historien, la capacité de construire l’intrigue et de transmettre ce qui s’est passé sous une forme compréhensible à un large éventail de lecteurs, intéressés par cette histoire pour des raisons qui peuvent être très différentes.

Et, quand il s’agit d’histoire contemporaine, la tâche devient un défi intellectuel encore plus grand. D’une part, l’auteur a l’avantage de connaître les faits de première main et de pouvoir interagir avec les témoins et les