Voici l’extrait du Journal spirituel de saint Ignace dans lequel, relatant sa prière par un style descriptif et factuel propre au journal, il exprime une expérience nouvelle qu’il lui est donné de faire. En effet, en ce 27 février 1544, Ignace, alors en plein discernement, reçoit le respect dans sa prière, comme une grâce, à l’encontre peut-être d’une certaine avidité dans son désir d’être éclairé. C’est un fruit de la prière. Rappelons ainsi que l’exigence commune du respect pour tout homme doit se trouver au cœur de l’Église. Elle est ici actualisée par un saint pour que tous nous en vivions.
 
 
Dans l’oraison habituelle, assez bien et comme d’habitude, jusqu’au milieu. Ensuite, augmentant beaucoup jusqu’à la fin inclusivement, avec beaucoup de dévotion, paix et suavité spirituelle. Et ensuite, demeuré en moi une continuelle dévotion pendant que je me préparais dans la chambre et que je me recommandais à Jésus, non pas pour obtenir encore quelque confirmation que ce soit, mais pour que devant la très Sainte Trinité s’accomplisse, en ce qui me concerne, son plus grand service, etc., et par la voie la plus efficace pour que je me trouve en sa grâce. Reçu alors quelques lumières et force.
En entrant à la chapelle, pendant l’oraison, sentiment ou, plus exactement, vision, en dehors des forces naturelles, de la très Sainte Trinité et de Jésus qui me présentait, ou me plaçait, ou me servait d’intercesseur auprès de la très Sainte Trinité pour que cette vision intellectuelle me soit communiquée. Et dans ce sentiment et cette vision, couvert de larmes et d’amour ; mais, se portant sur Jésus et la très Sainte Trinité, un sentiment de respect plus proche de l’amour révérenciel que de tout autre chose.
 
 

Extrait du Journal spirituel, de saint Ignace, Collection Christus, DDB, 1959, p. 76.