Avant même les grandes élaborations doctrinales du IVe siècle, la foi chrétienne s'est présentée comme le récit de l'expérience spirituelle vécue par les disciples de Jésus, expérience qui les conduisit à le confesser comme Christ et Seigneur. D'âge en âge, la tradition chrétienne s'est transmise comme souvenir, mais aussi comme actualisation et renouvellement de l'expérience des premiers témoins. Pourtant, l'effort de l'institution ecclésiale a plutôt consisté à objectiver le contenu de l'expérience chrétienne dans des énoncés dogmatiques censés ramasser le message premier sous la forme de vérités à croire.
C'est ainsi que la dimension proprement expérientielle de la foi a pendant très longtemps été occultée au profit d'énoncés impersonnels qui présentaient l'avantage pour l'institution d'installer facilement son pouvoir recteur en distinguant objectivement orthodoxie et hétérodoxie. Mais le subjectivisme, issu de la théologie augustinienne, a toujours travaillé de l'intérieur la pensée chrétienne, notamment la mystique rhénane, jusqu'à la crise moderniste qui vit s'opposer l'objectivisme catholique et le subjectivisme protestant. Ce qui est alors violemment rejeté par le magistère, c'est bien l'influence du protestantisme qui privilégie le symbolisme et l'historicisme dans l'interprétation des Écritures ainsi que le subjectivisme et le relativisme dans l'énonciation de la foi.
Si toute religion est inculturée, c'est-à-dire se diffuse par l'intermédiaire de la