La disputatio est, dès l'origine de la Compagnie de Jésus, au cœur de la formation des jésuites. Ignace de Loyola l'avait lui-même pratiquée lors de ses études à l'Université de Paris. Il en avait été si marqué qu'il avait décidé d'en faire le principe pédagogique fondamental de la formation : les Constitutions y font référence à plusieurs reprises1.

Est ainsi décrit le grand exercice hebdomadaire : les thèses qui allaient être défendues le dimanche étaient affichées la veille, permettant à chacun de s'y préparer. Le jour dit, les étudiants désignés défendaient leur thèse, puis ceux qui le désiraient se levaient pour argumenter. La discussion s'engageait en présence d'un président qui arbitrait et, à la fin, reprenait et donnait des explications aux auditeurs.

Un temps de dispute était également proposé chaque jour, afin que « les esprits soient plus exercés et les points difficiles survenant en ces matières soient éclaircis, à la gloire de Dieu2 ».

Le but de la disputatio est donc double : par son exercice quotidiennement répété, il s'agit de mieux comprendre ce qui a été étudié via son expression ; et cette expression est une conversation. La conversation est à la fois le moyen et la visée de l'apprentissage. Ce qui est à connaître a la forme d'une conversation, et la manière de le comprendre et de l'exposer à cette même forme.

Aujourd'hui, la disputatio est reprise et actualisée3. Par exemple, un enseignant fait une leçon à l'issue de laquelle il propose une thèse à disputer. Deux groupes d'élèves ou d'étudiants se préparent à défendre l'une des deux positions, pour ou contre la thèse exposée. L'exercice, pour présenter un véritable intérêt, devra s'appuyer sur deux positions également défendables ; autrement dit, si la thèse relève d'une conversation.

Lorsque les équipes sont prêtes, elles désignent celui ou celle qui parlera en leur nom, les autres restant près des orateurs pour les aider. Lorsque le premier orateur a exposé son propos, celui de l'équipe adverse commence son intervention en reformulant ce qui vient d'être dit puis avance sa réplique.


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