Armand Colin, coll. « Cursus », 2002, 172 p., 15 €.

Après des siècles d'inflation du sentiment de culpabilité, sa signification dans la vie spirituelle est aujourd'hui perdue. Pourtant, la naissance de la subjectivité en Occident est indissociable de cette expérience, liée à l'examen de conscience. Mais l'affaiblissement de la tradition chrétienne réactive aujourd'hui une culpabilité anarchique et sans altérité. C'est en effet la conscience de la responsabilité personnelle devant le mal qui construit l'intériorité et permet son ouverture à la vie spirituelle, dans la découverte du surcroît de l'amour et du pardon.
Telle est la conclusion d'une remarquable étude dont le niveau universitaire ne devrait pas arrêter ceux qui s'intéressent à la dimension psychique de la vie spirituelle. L'auteur y analyse tour à tour les formes de la culpabilité, de la responsabilité et du pardon dans les domaines du droit, de la morale, de la politique, de la théologie, de la psychanalyse, avant d'en ressaisir l'unité de sens dans l'aventure spirituelle. Son entreprise s'inscrit ainsi dans les perspectives d'une anthropologie dont la dimension spirituelle affleure sans cesse. Ce qui la conduit à éclairer au passage des questions vives : la perte du sens de l'interdit, la dette, l'aveu, l'angoisse et le désespoir, la banalité du mal, le principe de prudence, le devoir de mémoire, le sacrifice, le travail de deuil… Une méditation qui, en respectant l'autonomie du psychisme humain, l'éclaire d'une sagesse qui ne cache pas son inspiration chrétienne.