Les Inuits, paraît-il, ont plusieurs termes pour désigner la neige et la glace. On peut citer au moins une douzaine de mots de base pour la neige, et une dizaine pour la glace. Par exemple, qanik est la neige qui tombe ; aputi, la neige sur le sol ; pukak, la neige cristalline sur le sol ; aniu, la neige servant à faire de l'eau ; siku, la glace en général ; nilak, la glace d'eau douce, pour boire. Il faut ajouter de nombreux autres mots et nuances qui nous échappent.

À chaque civilisation son outillage mental. Et à chaque époque d'une même civilisation, un outillage mental renouvelé. Pour bien lire la Bible, nous devons prendre conscience de la signification des termes utilisés et du décalage culturel qui nous sépare de l'époque biblique, au risque d'interpréter l'Écriture de manière anachronique et de projeter sur le texte nos propres idées et habitudes.

Si la neige a tant de facettes, que dire de l'âme, réalité qui comporte tant de nuances. « Qu'on s'y hasarde, écrit François Cheng, et l'on se découvre aussi démuni que celui qui chercherait à définir par exemple le temps, la lumière et l'amour. Pourtant ce sont là des éléments dont aucun de nous ne saurait nier l'existence, et dont notre existence dépend1. »

Pour parler de l'âme dans la Bible, il faut passer par le vocabulaire hébraïque. Le mot nefesh est rendu de quarante manières différentes dans la Traduction œcuménique de la Bible ! Il serait bien réducteur de toujours traduire « âme ». Il faut aussi prendre en compte deux autres termes utilisés dans la Bible. L'être humain,