Dans un conte intitulé « L'âme en peine, conte pour le jour des morts », la poétesse Marie Noël (1883-1967) nous livre un petit traité spirituel et théologique sur l'âme humaine. L'œuvre noëlienne est traversée de part en part par la douleur d'un amour brisé. C'est encore ce motif qui est au centre de ce conte. On peut le lire comme le livret d'un oratorio levant une partie du voile couvrant le mystère de cette âme, souvent réduite à une étincelle de « soi », et présentée par la poétesse auxerroise comme le nœud relationnel de la personne. Le conte, qui se déploie en sept courts chapitres, s'ordonne à la manière d'un retable en triptyque : les trois premiers chapitres présentent les personnages, plantent le décor et déploient l'action dramatique, tandis que les trois derniers la consument – le court chapitre central étant le panneau principal donnant sens aux deux autres.
Le récit s'ouvre sur une rencontre d'amour scellée par le sort d'une « sorcière du Nil1 », entre un certain David, marin quinquagénaire de son état, et Théa, une jeune femme de vingt ans, épouse d'un vieil homme auquel il fallait « laisser