En novembre 2015, à Florence, le pape François déclarait que nous ne vivions pas seulement « une époque de changement », mais « un changement d'époque1 ». Il ne visait pas seulement les changements affectant nos sociétés en voie de mondialisation galopante, mais encore ceux qui travaillent l'Église. Ce changement d'époque, modifiant l'ensemble des systèmes de valeurs et de relations qui nous environnent et qui nous relient les uns aux autres, traverse le corps ecclésial constitué de cette matière qu'est le tissu des sociétés humaines, à laquelle Dieu s'est uni.

Il y a plus de quatre-vingts ans déjà, le jésuite Henri Bouillard (1908-1981) déclarait : « Quand l'esprit évolue, une vérité immuable ne se maintient que grâce à une évolution simultanée et corrélative de toutes les notions, maintenant entre elles un même rapport. Une théologie qui ne serait pas actuelle serait une théologie fausse2. » Il s'agissait en fait de comprendre que le rapport à la vérité immuable évolue toujours, parce que le tissu de la réalité humaine bouge et remet en question les équilibres des édifices de la raison posés sur ce tissu pour dire ce rapport à la vérité. Les mouvements du tissu faisant glisser les points