Bayard, coll. « Bible et philosophie », 2003,205 p., 17,50 €.

Ce petit ouvrage n'est pas un livre comme les autres, parce qu'il tourne autour d'une phrase qui brûle les doigts de qui veut s'en saisir : « C'est un feu que je suis venu jeter sur la terre, et que désiré-je si ce n'est qu'il soit déjà allumé. » C'est justement à partir de cette brûlure que Jean-Louis Chrétien, bien connu de nos lecteurs, la considère.
Ce feu, qui concerne la mission de Jésus, peut être compris de bien des façons. Ce livre en étudie les interprétations par des auteurs qui vont de la patristique au XXe siècle, de saint Ambroise à Bonhoeffer, en passant par Luther et Thérèse de Lisieux. Le premier chapitre est consacré à Origène, qui a anticipé tous les autres.
Cette parole de Jésus fait appel bien plus que question. Et chacun livre dans sa réponse quelque chose de son existence. Avec les harmoniques de ce feu, feu comme désir, comme ferveur et contre-feu, comme violence, comme amour, ce sont des visages du Christ que l'on voit apparaître dans leur polyphonie. Ainsi Jean de La Cépède, poète chrétien du XVIe siècle, de Jésus à la Cène : « Il exhale soudain le feu qui le brusloit / Sur les siens : les exhorte à l'amour fraternel, / Les lave : les sublime au feu qu'il exhaloit, / Pour après luy régir l'Eglise Paternele »
Ce livre s'inscrit dans la continuité d'une étude sur « la nature responsive de la parole humaine », une parole toujours précédée ; et s'il est vrai que, selon Martin Buber, être homme c'est entendre que la Parole m'est adressée, on ne s'étonnera pas que notre auteur trouve dans l'Écriture le ressort le plus profond de sa pensée philosophique.