DIEU SOUS LES VERROUS, Propos recueillis par Y. de Gentil-Baichis. Presses de la Renaissance, 2006, 230 p., 17 euros.
ESPÉRER ENCORE, Desclée de Brouwer, Médiaspaul, 2006, 104 p., 13,50 euros.
Après Derrière les barreaux, des hommes (Desclée de Brouwer, 2002), qui a fait connaître Isabelle Le Bourgeois, religieuse auxiliatrice, aumônier à Fleury- Mérogis, voici Dieu sous les verrous. Ce Dieu en pleine boue qu’elle avait découvert au Mexique dans la joie de vivre des Indiens des bidonvilles, Isabelle le retrouve ici, sous les visages abattus d’un bâtiment d’hommes de la plus grande prison d’Europe.
Pourquoi ce livre d’entretiens ? Après l’homme incarcéré, l’humanité blessée, oubliée, victime et coupable tout à la fois, brute de coffrage, voici Dieu dans l’homme, sa présence, sa force et sa consolation, Dieu pressenti, déchiffré au coeur de l’humain. L’homme qui découvre qu’il compte aux yeux de Dieu et se remet debout, parce qu’on l’a regardé autrement, comme un extraordinaire possible. Rencontrer ces hommes de cette façon, confie l’auteur, « fait du bien à Dieu », car il nous le fait voir autrement. On peut lire ce livre avec le même regard, et le prolonger, ce regard, sur tous ces êtres abîmés par la vie et pourtant plein de promesses que nous côtoyons, et pourquoi pas sur nous-mêmes. Car à nous aussi, cela fait du bien.
Composé de brefs récits, nés de « l’imprévisible de la rencontre de l’autre », Espérer encore nous donne accès à une méditation sur « l’humanité encore tâtonnante », qui n’est pas simplement celle de ces hommes incarcérés, mais aussi la nôtre. Vigoureusement ignatienne, cette contemplation des hommes en leur diversité est incarnée et pudique. La foi n’est jamais une vérité assénée, elle est d’abord affaire de regard sur les êtres, un regard qui accepte d’être dérangé et enseigné par la détresse et le chemin étonnant, inespéré, d’autrui. Un regard qui conduit au silence et au respect.