On demandait au responsable de la sécurité routière ce qu'il comptait faire pour diminuer le nombre des accidents de la route.

« – Quels accidents ? dit-il. Les accidents, c'est si rare…

– Comment ? Mais tous ces morts sur la route ?

– Ah, fit-il, vous voulez parler des meurtres ? »

L'automobile tue, sur la route et dans la rue. Elle blesse : combien y a-t-il en France de handicapés graves à la suite d'accidents de voiture ? La réponse est terrifiante.

La violence au volant
Du côté des causes

Mais d'où vient cette violence ? On peut lui trouver toutes sortes de causes, à commencer par l'« agressivité », commune semble-t-il aux humains. Il faut bien, dit-on, qu'elle trouve exutoire.

Or notre société, par les tensions qu'elle exige, par ses conditions artificielles, par toute son ambiance, est chargée d'agressivité. En même temps, elle prétend bien policer les mœurs, réprimer toute brutalité. Que reste-t-il ?… La route. L'homme au volant est le successeur (toutes différences gardées) du chevalier médiéval sur son destrier. Et les énormes migrations automobiles de l'été – « les vacances » – correspondraient, dit-on, aux déplacements guerriers qui se faisaient, autrefois, quand venait la belle saison. Ce serait le même phénomène, déplacé.

En même temps, l'automobile n'est pas sans rapport à la vie sexuelle et aux violences qui peuvent s'y lier. D'une part, l'automobile est, pour l'homme, symbole de la femme rêvée : belle, disponible, merveilleusement apte à satisfaire son désir de puissance et à éblouir les autres. (Elle doit aussi, pour le client moyen, représenter l'épouse sûre et fidèle : il y a longtemps que les spécialistes de la publicité et de la construction automobile y ont songé : la voiture doit être la synthèse ou le compromis entre ces deux images !) D'autre part, l'homme au volant imagine à côté de lui la femme