Qu'est-ce que sainte Thérèse d'Avila (1515-1582) nous apprend du mystère du salut ? C'est avec cette interrogation que le frère Luc-Marie avance dans son étude sur la sotériologie de cette Docteure de l'Église. À partir de la théologie de saint Thomas d'Aquin (1225-1274), il montre comment le témoignage de la sainte espagnole illustre l'action salvatrice de Dieu en Jésus Christ. L'ouvrage s'articule en deux parties : de quoi Jésus Christ sauve-t-il le monde ? En quoi sauve-t-il le monde ? Les écrits de sainte Thérèse valorisent à la fois la dignité de la personne créée à l'image de Dieu et son nécessaire chemin de rédemption par la grâce du Christ. L'auteur analyse avec finesse les descriptions thérésiennes des « dysfonctionnements de la nature ». Il précise les expressions parfois ambiguës de la sainte autour du terme « surnaturel » ou son insistance sur les efforts qui pourrait ressembler à du pélagianisme. Mais il relève aussi les approches plus originales de la Madre. La seconde partie, un peu plus technique, précise comment bien entendre les notions de « mérites », « sacrifice », « satisfaction » et « rachat » afin de ne pas verser dans le dolorisme.

Il faut souligner la grande clarté et la qualité pédagogique de l'auteur très familier de la vie et des écrits de Thérèse. L'ouvrage est très homogène, avec des images éclairantes, des résumés et des schémas. La quasi-totalité des textes cités sont ceux de sainte Thérèse et la bibliographie permet de connaître les ouvrages théologiques sources. On pourrait regretter dans cette approche systématique l'absence d'interrogations critiques venant d'autres lignes théologiques et le très faible recours aux sciences humaines qui pourraient pourtant donner du relief au propos : par exemple, davantage d'éléments historiques souligneraient par contraste la justesse théologique de la description thérésienne de l'expérience de l'enfer par rapport aux représentations communes de la culture de son temps.