T. II,Cerf, coll. « Epiphanie », 2002, 266 p., 19 €.
T. III,Cerf, coll. « Epiphanie », 2003,392 p., 19 €.


Ces deux ouvrages font suite au premier tome paru en 1997 : ils en constituent un complément et apportent de copieux développements. Le deuxième tome présente ce que l'auteur appelle « les lois de vie », par opposition aux « chemins de mort ». Il s'agit de renoncer catégoriquement aux attitudes mortifères, ainsi qu'à une prétention illusoire à la « toute-puissance », en acceptant sa condition de créature et en se reconnaissant enfant de Dieu. Il s'agit de laisser émerger son désir authentique, de découvrir la tâche unique qui est la sienne, de développer son unité intérieure, d'accueillir en soi les dons de la joie et de la fécondité. « Lois de vie » inscrites par Dieu lui-même au plus profond de l'être humain.
Plus détaillé, le dernier ouvrage revient sur ces thèmes en soulignant qu'il est d'abord nécessaire de reconnaître en soi et d'assumer tout ce qui a pu être négatif dans l'existence (blessures, violence plus ou moins refoulée, honte, peurs, etc.) pour pouvoir enfin s'ouvrir à une vie nouvelle à une « résurrection ». C'est donc à un long et difficile parcours que chacun est invité.
Le succès indéniable rencontré par les livres de Simone Pacot montre à l'évidence qu'ils répondent à l'attente d'un large public. Quelle est exactement cette attente ? Là est, pour nous, le problème de fond. Il est clair que l'auteur et ses collaborateurs, dans les sessions de Béthesda, tentent de prendre en compte la souffrance humaine et d'apporter des réponses concrètes aux questions qu'elle pose. Souffrance psychologique, évidemment, mais qui ne peut pas ne pas comporter, aux yeux d'un chrétien, une essentielle dimension spirituelle.
Cette dimension spirituelle, l'auteur en souligne l'importance tout au long de ses analyses : références fréquentes à la Parole de Dieu, au Dieu sauveur, à l'Esprit consolateur, etc. Itinéraire psychospirituel, déclare-t-elle. C'est bien là qu'il est permis de s'interroger. Le terme même de « psychospirituel » semble réunir deux approches bien distinctes, selon nous, de l'être humain : l'une d'ordre psychologique, l'autre d'ordre spirituel. Certes, c'est bien dans un psychisme humain qu'est vécue la « vie spirituelle ». Mais cette vie spirituelle ne saurait se réduire à sa dimension psychologique.
Simone Pacot se défend de vouloir opérer une telle réduction. Mais son projet paraît bien supposer que la vie spirituelle est conditionnée par la vie psychique, que le chemin de la sainteté passe nécessairement par l'épanouissement psychologique. A la limite, et pour un lecteur non averti, la Parole de Dieu ne serait plus qu'un moyen de retrouver santé et joie de vivre. Ce n'est certes pas, encore une fois, l'intention de l'auteur. Mais ses analyses nous paraissent comporter deux risques complémentaires : celui de méconnaître la spécificité de la vie spirituelle et celui de donner lieu à ce que certains psychologues appelleraient une « psychanalyse sauvage ».
On trouvera peut-être trop sévère une telle mise en garde. Mais s'il est important de situer la vie spirituelle dans le cheminement d'un psychisme humain, il est non moins nécessaire de les distinguer. Quel que soit l'intérêt du projet de Simone Pacot, il est permis de penser que les dangers que nous signalons ne sont pas illusoires et qu'il faut en avoir conscience. « Distinguer pour unir » ? Certes. Mais il faut d'abord distinguer. Un sérieux discernement s'avère ici indispensable.