Si nous avons le sentiment que nous sommes pressés et n'avons pas le temps, c'est très souvent parce que nous sommes débordés par le travail et la préoccupation. Nous avons alors perdu de vue le présent pour le futur. Et nous pressentons en plus que nous ne sommes pas du tout certains de l'avenir : en effet, un autre à la fin, en dispose. Le désespoir dont nous parle Qohélet au milieu de son analyse (Qo 2,20) peut alors s'emparer de nous.

Mais il n'en parle qu'en passant et ce n'est qu'une touche dans sa pensée. Avant qu'il ne situe le poème sur le temps, le mot « Dieu » a déjà été prononcé et la plénitude de chaque moment a été reconnue « don de Dieu ».

Pour voir plus clairement ce que cela implique, nous devons prendre conscience que Qohélet développe un tout autre concept du temps que celui de « moment ». C'est celui d'« éternité ». Qohélet nous le présente dans son livre. Il l'introduit dans un autre poème au commencement du livre. Nous pourrions l'appeler le poème du « grand mouvement circulaire du monde » (Qo 1,4-11).

Un présent éternel

À cause de la modernité marquée par l'idée de progrès et d'évolution, il est presque obligatoire que nous ayons difficulté à comprendre ce poème. D'une part, en effet, la pensée du mouvement circulaire du monde et de l'éternel retour cosmique nous est devenue très étrangère (malgré Friedrich Nietzsche). D'autre part, une phrase centrale du poème nous induit en contresens.

La phrase dont il s'agit est devenue proverbiale : il n'y a rien de