Devant la crise sans précédents que traverse l’Église catholique, l’auteur de cet article, vicaire général honoraire à Bordeaux, formule son rêve d’une communauté qui soit une maison abritant la fraternité, accueillant et prenant soin des pauvres et permettant le dialogue entre tous.
Comme un tremblement de terre, les secousses se suivent et se ressemblent : Irlande, États-Unis, Chili, Allemagne… et ce n’est pas fini ! Les agressions commises par des religieux, des prêtres, des évêques et des cardinaux ébranlent toute l’Église. Dans les diverses rencontres avec des communautés chrétiennes, les réactions sont toujours les mêmes : tristesse, sidération, colère, souffrance.
C’est tout un système qui est touché. De nombreuses causes sont à l’origine de cette crise. Chacun est requis, par le pape François, dans sa lettre au peuple de Dieu du 20 août 2018 pour « relever le défi en tant que peuple de Dieu », pour réagir.
Voici ma contribution. Je rêve d’une Église au coude à coude avec chacun, où tous sont en chemin avec le Christ. Je rêve de fraternité, de pauvreté et de dialogue pour inspirer un nouveau système ecclésial qui donnerait corps à ce que le Christ a institué. Mais avant de rêver, d’où partons-nous ?
Un héritage de l’Histoire : le cléricalisme
Le Code de droit canonique de 1917 est comme l’aboutissement d’une Histoire qui a élaboré, depuis le Moyen Âge, en passant par le concile du Latran et celui de Trente, une ecclésiologie dans laquelle les clercs cumulent tous les pouvoirs. Dans cette vision pyramidale de l’Église, le Code ne laisse pas de place aux laïcs. Un seul paragraphe les concernait expressément, à savoir le canon 683 qui leur interdisait de porter l’habit clérical ! Pour le reste, avec tous les autres fidèles (religieux et laïcs), ils avaient le droit de recevoir des pasteurs « les biens spirituels et les secours nécessaires au salut ». La trace de cette vision d’une Église sans laïcs se retrouve dans le vocabulaire commun qui, jusqu’à ce jour, réduit l’Église aux seuls membres du clergé. Au départ de cette Histoire millénaire, il s’agissait de libérer les responsables de l’Église de l’influence des princes et des puissants. La réussite fut parfaite mais elle aboutit à la minoration totale des laïcs et aux abus des clercs dus à